SOLEIL

Par: (pas credité)


Hélios I B va aller rejoindre dans l'espace Hélios I A qui tourne déjà, depuis juillet 1995, autour de la Terre en observant ce qui se passe chez les gens. Ce n'est pas bien beau d'épier à travers les rideaux, mais que voulez-vous, chacun son métier et les "Hélios" sont des satellites d'observation de la Terre, autrement dit, des sortes d'espions qui envoient des photos à leurs maîtres français, italiens et espagnols, puisque ces machines curieuses sont trinationales.

Ce qui est bizarre, c'est de les avoir appelées "hélios" - mais enfin, c'est peut-être pour brouiller les pistes. "Hélios", en effet, est le nom grec du soleil, un astre dont la vocation ne consiste pas particulièrement à voir sans être vu - au contraire, son destin serait plutôt d'être vu de tous. Et ces caractéristiques ont laissé des traces assez nombreuses dans le français d'aujourd'hui et surtout d'hier, en particulier, autour du mot "soleil".

"Hélios" n'a guère laissé de souvenirs sinon dans un vocabulaire technique et scientifique : "héliothérapie" (le soleil soigne si l'on sait s'en servir), "héliocentrisme" -(Cf. le mouvement "héliocentrique" des planètes). La botanique s'y est timidement mise avec l' "héliotrope", mais le mot reste savant ; il est un peu cuistre de l'utiliser, et ça fait un peu bourgeois de Labiche ("Ma fille, ma fleur, mon héliotrope !").

Le soleil est, en effet, symbole de pouvoir et de gloire. Et l'ancien régime, et la monarchie associaient de façon tout à fait naturelle ces deux notions (alors qu'avec la République… c'est peut-être un peu plus insidieux).
Souvenons-nous que Louis XIV était le Roi-soleil. A-t-on jamais vu expression plus intense de la mégalomanie ? Un instant, camarade ! Donne un peu de mou à ta surprise indignée, rappelle-toi l'histoire, et revois luire dans le clair-obscur de ta mémoire quelques écus anciens, frappés par Louis XI, Charles VIII, François Ier. Le soleil ne date pas d'hier, et sur certaines monnaies, depuis la fin du Moyen-âge, il surmonte la couronne de France. Et dans la symbolique héraldique, le soleil a toujours signifié le pouvoir glorieux.

On a donc une série d'expressions, presque toutes sorties d'usage aujourd'hui, mais pittoresques, qui fonctionnent à partir de cette métaphore :
"Etre près du soleil", c'est être situé près du pouvoir.
Un "soleil d'hiver" est une personne de peu de pouvoir.
Mais un "soleil de mars" est quelqu'un qui commence à avoir un certain pouvoir, et dont on peut imaginer que le pouvoir va aller croissant. C'est auprès de celui-là que se placera le courtisan habile, celui qui va adorer le soleil levant.