JUBILE

Par: (pas credité)


L'année 2000 est une année sainte, une année de "jubilé". Et cette célébration commence par l'ouverture aujourd'hui par le Pape de la porte sainte de la basilique Saint-Pierre de Rome pour la veillée de Noël. D'ailleurs, cinq mille portes saintes d'édifices religieux seront ouvertes de la même façon, et ce n'est que le 6 janvier 2001 que sera refermée la porte de la Basilique Saint-Pierre.

Alors qu'est-ce donc que ce "jubilé" ? C'est la concession par le Pape d'une indulgence particulière aux pèlerins de l'année qui vient. L'institution n'est pas récente puisqu'elle date de 1300 : on la doit à Boniface VIII. Prévue pour être célébrée tous les cent ans au départ, cette manifestation a vu sa périodicité changer (tous les 50 ans, tous les 25 ans...), mais le mot s'est en fait spécialisé pour célébrer une activité exercée durant 50 ans, ce qui est conforme à son étymologie.

Mais l'origine du mot est étrange et compliquée : il faut remonter à un mot hébreu pour le comprendre : yohheï, bélier, corne de bélier et par métonymie trompette faite dans une corne de bélier. De ces trompes, il semble qu'on sonnait pour célébrer de grandes manifestations religieuses publiques qui n'avaient lieu que tous les cinquante ans dans l'antiquité juive. Du mauvais passé, on faisait table rase : peines et dettes étaient annulées. Et c'est cette amnistie qui explique la signification du mot dans la religion chrétienne : une indulgence plénière accordée par le Pape.

Mais les traductions en latin de l'Ancien Testament ont bien entendu occasionné une contamination : "jubilaeus" se ressent de l'influence du verbe "jubilare" : pousser des cris, et notamment des cris de joie. Toute remise de peine fait plaisir. Et donc, au "jubilé", on "jubile".