METRO

Par: (pas credité)


L'échéance de 1900 a poussé bien des inventions, hâté bien des innovations. Ainsi, le "métro" parisien fête ses cent ans avec le siècle.

Et pourtant, nous étions en retard : Londres, New-York entre autres, avaient eu leur "métro" bien avant nous. Ce qui explique que, le mot "métro" soit un anglicisme, bizarrement car le "métro" fait partie du mythe parisien.

Le mot apparaît au début des années 1890 -dix ans avant la chose- et son abréviation nous vient de l'anglais, du Metropolitan railways, et non du Chemin de fer métropolitain. Mais, l'anglicisme a été parfaitement adopté par la langue française, et comme de plus, il a déserté l'anglais ("subway" à New-York, "tube" à Londres, "El" à Chicago en tiennent lieu), il est devenu un vrai symbole du Paris populaire. Cf Gide : "Claudel veut aller au Paradis, mais en Pullman". Et Claudel répondant : "Gide va droit en enfer, mais il prend le métro". Le "métro" symbolise même les contraintes de la vie urbaine : "Métro, boulot, dodo", vers de Jean Béarn écrit en 1951, largement repris après 1968, est devenu le slogan, par excellence, qui exprime l'aliénation de la vie moderne.

Quant à "rater le dernier métro", c'est une expression popularisée par le film de Truffaut, mais qui existait bien avant, qui signifie qu'on a trop tardé, qu'on a laissé passer sa chance, et donc qu'on est resté en plan. C'est, bien sûr, inspiré par l'expression "rater le train de quelque chose" : rater le train de la mécanisation, de l'informatique, c'est-à-dire ne pas réussir à transformer ses habitudes face à la modernisation d'un système de travail ou de production. Mais, le sens de "rater le dernier métro" est différent.

Tout populaire qu'il soit, le "métro" n'a pas réellement donné lieu à un vocabulaire spécifique : portillon (mot ancien qui n'existe plus), rame, poinçonneur, carte orange...
Mais il est à l'origine de toute une toponymie parisienne qui, souvent, fonctionne par associations : Barbès-Rochechouart (binôme improbable d'un révolutionnaire d'extrême-gauche, Armand Barbès et d'une mère abbesse issue de la haute noblesse : Marguerite de Rochechouart), Réaumur-Sébastopol : l'inventeur du thermomètre, René-Antoine de Réaumur associé à une victoire franco-anglaise de la guerre de Crimée...