SINGES
Par: (pas credité)
Voilà qu'est né, il y a quelques semaines à peine, un "orang-outang", Dayu, au Jardin des Plantes de Paris. De quoi s'émouvoir ? Sûrement : toute naissance émeut. Et, de plus, un "orang-outang" naissant en captivité est paraît-il chose rare.
De toute façon, l'occasion était trop belle de parler d' "orang-outang", et le mot seul séduit par sa singularité phonétique. Il faut dire qu'il vient de loin : du malais, langue dans laquelle il signifie "homme des bois".
Or, si l'on compare le "singe" à l'homme, il est plus fréquent de comparer l'homme au "singe". Et là, quelle délectation.
L' "orang-outang" n'est pas loin de là, le plus productif à part quelque improbable citation de Boris Vian ("Elle est tombée comme une feuille dans ses grands bras d'orang-outang").
D'autres sont plus intéressants :
Prenez le "gorille", par exemple. Pas si vieux, le bougre : il apparaît, en 1854, en français, en 1847 en anglais ("gorilla"), après que le missionnaire Savages ait fraternisé avec quelques grands "singes". Mais, Savages n'avait pas tout inventé, et déjà au Vème siècle avant J.-C., les navigateurs grecs (ou carthaginois) appelaient gorillai de grands êtres velus croisés au hasard de côtes africaines.
Le destin du "gorille" ne s'est pas arrêté là, puisque, dans une langue familière, le mot désigne un garde du corps, un "ange gardien" musclé, chargé de veiller à la sécurité d'un personnage important ou potentiellement menacé. Là encore, c'est un emprunt à l'américain.
Les autres noms d'espèces de "singes" sont souvent péjoratifs, à part le "ouistiti" qui séduit par sa petite taille et son agilité, et qui sert parfois à désigner un enfant un peu turbulent.
Le "sapajou" n'a pratiquement pas quitté le réservoir d'injures du Capitaine Haddock. Mais son proche cousin, le "sagouin", n'a pas bonne presse. Ce petit singe du Brésil et qu'on disait malpropre, désigne en général un personnage déplaisant, et souvent mufle. L'homonymie partielle avec salaud y est sûrement pour quelque chose.
"Macaque" n'est pas tellement plus chanceux, mais pointe en général plus la laideur physique. Mais une laideur sévère.