INVESTITURE
Par: (pas credité)
L'élection du prochain maire de Paris n'aura lieu qu'en 2001, mais elle occupe déjà beaucoup les esprits, et on dénombre actuellement pas mal de candidats à la candidature… ou à l' "investiture". Au moins à droite. C'est-à-dire que beaucoup aimeraient être le candidat officiel de la droite, et donc recevoir l'onction du RPR (pour ne rien dire de celle du président de la République).
Ce nom "investiture" dérive bien sûr du verbe "investir". L'origine du mot peut nous donner une piste pour en comprendre certains des emplois. "Investire" en latin est de la même racine que celle qui nous a donné "vêtement". Cela signifie garnir, revêtir, entourer d'un tissu, presque habiller. Et au premier sens, ce mot qui apparaît très tôt en français désigne la cérémonie de remise de pouvoir à un vassal par son suzerain. Un seigneur en "investissait" un autre, qui dépendait de lui, lui subalterne en quelque sorte, en l'établissant dans ses pouvoirs. C'était donc une sorte de sacre, en tout cas de consécration, concrétisée par un objet symbolique que le suzerain donnait au vassal : habit, lance, épée, bâton ou rameau… De même, lorsqu'un évêque était "investi", on lui remettait sa crosse et son anneau. Et qui doit "investir" un évêque ? Le prince ou le prêtre ? L'Empereur du Saint-Empire ou le Pape ? Ce fut tout l'enjeu de ce qu'on a appelé la querelle des "investitures", au début du XIIème siècle, et qui s'est terminé par un partage des pouvoirs, spirituel et temporel, sanctionné par le concile de Latran en 1223.
On comprend donc facilement le sens actuel : un candidat est missionné par un parti pour le représenter, et au départ, il peut y avoir plusieurs postulants. D'où cette première bataille à remporter, lors de ce qu'on appelle parfois, sous influence des habitudes électorales américaines, des primaires.
Mais attention, "investir" a plus d'un sens. Un sens militaire, par exemple, ancien en français : "investir" une place forte ou une ville, c'est la cerner, et bien vite, c'est s'en emparer, y pénétrer.
Mais "investir" c'est également placer de l'argent, avec l'idée que cet argent va rapporter, que justement, il est bien placé, que c'est un bon calcul de l'immobiliser à cet endroit, car il fera des petits. Et dans ce sens-là, on a bien un nom qui dérive du verbe, mais ce n'est pas "investiture", c'est "investissement".
Et c'est de cet emploi que découle l'usage moderne des mots "investir" et "investissement" : "investir" du temps, de l'énergie, s' "investir" dans un projet, c'est-à-dire y croire et y mettre beaucoup de soi.