VIDEO

Par: (pas credité)


Un contrôle de police à Ris-Orangis a-t-il dérapé ? Un témoignage filmé à l’insu des policiers et des contrôlés est l’un des éléments qui permettront de se faire une idée de ce qui a pu se passer. En tout cas, le "vidéaste" amateur qui filmait dans l’ombre, de son balcon, devient un personnage-clé de l’affaire. Et ce qui nous intéresse, c’est l’expression "vidéaste" (amateur) que j’ai souvent entendue à cette occasion.

Le "vidéaste" est un réalisateur de films "vidéo". Le mot est calqué sur cinéaste – celui qui fait du cinéma – terme plus vague et plus large que réalisateur.
Le suffixe –aste peut surprendre parce qu’il est peu courant. "Cinéaste" a été emprunté à l’italien, utilisé d’abord paraît-il comme pseudonyme (mais par qui ? je ne sais pas), puis accrédité par Louis Delluc dans les années 20.
Le modèle, lointain, est celui de "gymnaste" – celui qui pratique la gymnastique, mais il semble que le mot "gymnaste" soit bien antérieur à gymnastique, formé à partir de gymnase, et dérivé du grec gymnastes.

Revenons à notre "vidéaste", mot relativement peu courant ? Pour les professionnels, on dirait plutôt réalisateur (de "vidéo"…) exactement comme pour le cinéma. Toutefois, "vidéaste" s’emploie surtout quand il s’agit de "vidéo" expérimentale, de peintres ou de plasticiens qui choisissent cet outil pour s’exprimer. Quand on a affaire à ces multiples amateurs qui possèdent une caméra "vidéo" dont ils font un usage privé, on ne parle de "vidéaste" que de façon plutôt ironique. Ou peut-être comme ici, où le privé croise le juridique.

Un mot maintenant sur "vidéo", un mot courant, qui fait penser à "photo" ou "radio". Une différence pourtant : "photo" et "radio" sont des abréviations. On peut bien imaginer que "vidéo" est l’abréviation de "vidéophonie" (autour de 1975), mais ce mot n’a jamais été vraiment utilisé et "vidéo" a été quasiment emprunté tel quel à l’anglais, avec un accent sur le e pour le franciser. La formation du mot est assez particulière : le o final n’est pas une voyelle de contact entre deux racines, comme dans "photographie" ou "cardiovasculaire" etc, mais c’est la désinence de la première personne du présent des verbes latins. Ainsi "video" est simplement la forme latine qui signifie "je vois". C’est, bien sûr, la même famille que "vision" et "vue", mais le mot de départ est différent.
Il est productif, à la fois à l’anglaise et à la française : ou bien il s’utilise en tant qu’adjectif, et se place après un nom (caméra "vidéo", cassette "vidéo"), ou bien il s’utilise comme préfixe pour former un mot composé, sur le modèle anglais : "vidéocassette", "vidéodisque". Mais on a également "vidéothèque", ou "vidéogramme", qui n’ont rien de spécialement anglicisant.