PIQUE-NIQUE ET PARTIE
Par: (pas credité)
Le "pique-nique" du siècle ? Profitons qu’on est au début de cette période pour le dire : c’est plus facile quand il y a moins de points de comparaison… Et n’allez pas pérorer que le XXIème siècle ne commence qu’en janvier prochain… Même si techniquement, c’est vrai, c’est faire fi de la force du symbole.
Ce "pique-nique" se fait le long de la méridienne verte, et désigne un repas collectif – ô combien pour l’occasion – pris en plein air, dans une ambiance plutôt festive.
Le mot semble apparaître à la fin du XVIIème siècle pour désigner un repas où chacun paie son écot. Pourquoi "pique-nique" ? Rien n’est sûr, mais la "nique", la "niquedouille", etc. c’est pas grand-chose, trois fois rien, ce qui ne compte pas. Le "pique-nique" évoque donc un repas modeste, où il y a peu à "piquer" (à prendre, à porter à sa bouche). Mais, la paronymie expressive aide au succès du mot, emprunté par les Anglais ("pic-nic"), qui nous le rendent avec le sens de déjeuner à la campagne.
Et le "pique-nique" d’aujourd’hui évoque non seulement le repas à la campagne, mais le plus souvent le déjeuner sur l’herbe, vert écart de l’urbain qui, pour une courte agape, se frotte avec délice à trois brins de nature.
C’est comme un épisode de la "partie" de campagne. Et la "partie", dans cet emploi, a plutôt le sens de divertissement organisé, qui rompt avec la monotonie de la vie ordinaire : la "partie" de campagne n’est pas faite pour les gens qui vivent à la campagne.
L’expression dérive du sens de jeu : la "partie" est "l’ensemble des points qu’il faut marquer pour l’emporter" dans un jeu, par conséquent une rencontre, un match : partie de croquet, etc.
Par extension, "partie de chasse", "partie de campagne", etc. Maintenant ce mot de "partie" a subi l’influence de l’anglais "party", emprunté au français bien sûr, mais a une autre acception du mot "partie". Une "partie" représente depuis longtemps un groupe, une réunion de gens… Et l’usage anglais fait de "party" l’équivalent de réunion mondaine, réception. La "garden-party" est donc cousine éloignée plutôt que sœur de la "partie de campagne".