BIZUTH
Par: (pas credité)
La rentrée scolaire évoque toute une série de mots familiers, liés à l’école, dans toutes les mémoires de ceux qui ont passé l’âge d’y aller.
On pourrait donc penser que l’argot des écoles, essentiellement oral et proféré par de jeunes bouches, est quelque chose de volatile, changeant, incessamment renouvelé… Il n’en est rien, en tout cas pour une partie de cet argot, qui a parfaitement intégré le langage stable.
Ainsi en est-il du "bizuth", élève de première année d’une Grande Ecole, et par extension, nouveau venu au lycée, ou au collège…
Le h final est longtemps resté facultatif, et l’origine du mot est obscure : peut-être le "bésu", le "niais" en patois de Genève, lequel se serait légèrement transformé, pour sembler plus mystérieux, ou plus savant (un peu comme dans le mot "khâgne", qu’on aurait pu écrire "cagne" – la paresse : le mot désigne par ironie une classe préparatoire à l’entrée à l’Ecole Normale Supérieure où l’on travaille beaucoup, et son orthographe est artificiellement compliquée pour mettre en scène et railler l’érudition à laquelle sont confrontés les "khâgneux").
Revenons à notre "bizuth", qui a donné quelques enfants : "bizuter" et "bizutage". Le "bizutage" est en fait une sorte de brimade, sous forme de rite d’initiation. Pour avoir prétendument le droit de faire partie de l’Ecole, pour être adoubé, il faudrait en passer par quelques épreuves humiliantes et volontiers assez sadiques, pendant lesquelles les anciens, parfois avec l’assentiment complice des enseignants, font subir aux nouveaux arrivants quelques sévices. Les victimes pourront ainsi reproduire ce genre de comportement quelques années plus tard, étant eux-mêmes devenus des anciens, et se vengeant sur leurs cadets des traitements qu’ils ont subis en entrant.