HAUT

Par: (pas credité)


"Haute fidélité" : titre d’un film récent, et titre clin d’œil : on sera porté à évoquer la fidélité amoureuse, alors que l’expression évoque un autre contexte : la "haute fidélité" est née dans les années 60, avec le développement des techniques de reproduction du son. Lorsque les chaînes stéréo ont commencé à devenir à peu près abordables pour le grand public, on a parlé de "haute fidélité" pour les opposer à l’illustre Teppaz, le simple électrophone qui avait fait les beaux jours des enfants du baby boom. Il s’agit donc ici d’une grande fidélité au son d’origine. L’adjectif "haute" entérine donc un progrès technique sur le plan sonore, qui a son pendant exact sur le plan visuel avec la "haute définition" (pour la télévision).

Le mot est donc positif, exprime l’idée d’un degré élevé, d’une grande qualité. On le trouve d’ailleurs dans ce sens dans des expressions variées, qui n’ont rien à voir avec la technique, et qui sont d’ailleurs assez anciennes en français : on se fait une "haute" idée de soi-même, on a une "haute" opinion des autres, etc. Ou même, on a la "haute" main sur tel ou tel secteur (idée de contrôle et de pouvoir).

Mais, le mot sert bien souvent à exprimer une certaine idée de chic, de distinction – ou de prétention à la distinction : Dans le vocabulaire de la mode, par exemple, on parle de "haute couture". En parle-t-on encore ? C’est plutôt rare : on parle davantage des grands couturiers; la "haute couture" fait un peu désuète ; mais le mot est toujours compris. Et pour la coiffure, c’est un peu pareil : on parlait de "haute" coiffure… mais aujourd’hui, l’expression fait un peu démodé, ou un peu province…

Cet adjectif continue, par ailleurs, une belle carrière dans l’administration, où il a un sens beaucoup plus objectif, pour nommer des structures placées à un niveau élevé. Avant le CSA, on a eu la "Haute Autorité de l’audiovisuel". Ainsi que le "Haut Conseil de la Francophonie", le "Haut Commissariat à l’énergie atomique". Dans le domaine juridique, on se souvient de la "Haute-Cour", juridiction d’exception.

Et l’adjectif peut même servir à désigner des réalités négatives : la "haute" trahison est plus grave que la trahison : elle met en cause des secrets d’Etat. Et jadis, le "haut" mal était plus redouté que tout.