OUTRE-MER
Par: (pas credité)
Le salon du livre d’ « outre-mer » nous fournit l’occasion de parler de cette expression – « outre-mer » – ancienne dans la langue et assez particulière. C’est un mot bien français, et même bien de France, puisqu’elle implique un point de vue sur ce qui est lointain et exotique quand on l’examine depuis l’hexagone. L’expression est encore vivante et encore officielle, notamment avec les DOM-TOM, les départements et territoires d’ « outre-mer », dont la dénomination date de 1973. « Outre-mer » est donc lié à une histoire coloniale, même si le mot a survécu à la décolonisation, et que d’ailleurs, il est très ancien : on le trouve dans un texte du XIème siècle. L’expression s’est donc forgée avant les grandes découvertes et peut s’appliquer à n’importe quelle terre, située au-delà de n’importe quelle mer, pourvu que l’ensemble soit assez lointain.
« Outre-mer » renvoie également à une couleur, un bleu proche de celui qu’on nommait naguère bleu des mers du sud. Et l’ « outre-mer » est aussi une pierre semi-précieuse, nommée par ailleurs lapis-lazuli.
« Outre » signifie au-delà. Il est donc naturel que le mot soit associé à des locutions géographiques. Certaines sont presque sorties d’usage : « outremonts », qui désignait soit l’Italie, soit l’Espagne. « Outre-Rhin » (qui désigne plutôt l’Allemagne) est davantage utilisée. « Outre-Manche » (la Grande-Bretagne) et « outre-Atlantique » (l’Amérique) sont assez courantes.
Et bien sûr, « outre » entre en composition avec des locutions bien différentes et parfois pas géographiques du tout : « outre-tombe » (popularisé par Chateaubriand), ou même outrecuidant qui signifie arrogant, prétentieux, se croyant plus que ce qu’il est.