USINE

Par: (pas credité)


Après l’ « atelier », aujourd’hui c’est d’ « usine » qu’il s’agit. D’autant qu’une belle exposition de peinture est consacrée, à Paris, à ce thème.

Une « usine », on sait ce que c’est : un grand bâtiment industriel où l’on produit, où l’on fabrique, et en grande quantité. Nombreux ouvriers, travail à la chaîne souvent, travail assez pénible presque toujours, cadences, productivité, bruit, dangers… toute l’imagerie du monde industriel et concentré dans ce lieu.

Mais, le mot est bien plus ancien que la révolution industrielle ; il dérive d’officina, le lieu où l’on travaille, et commence à être usité dans le Nord, Nord-Est de la France, à partir du XIIIe siècle. Le mot d’ « officine » a continué sa carrière indépendamment d’ « usine » : avec un sens pharmaceutique d’abord (là, où on élabore les préparations), puis avec le sens plus louche de bureau où l’on traite des affaires pas claires : une « officine » est presque une couverture.

L’ « usine » est entrée dans d’assez nombreuses expressions : ouvrier d’ « usine » d’abord, qui distinguait ce travailleur du monde de l’artisanat. Et si l’on dit à l’ « usine », on dit travailler « en usine » (« Ma môme, elle travaille en usine »). « Usiner » (fabriquer en usine) et « usinage » existent aussi.

Et, aujourd’hui sortie d’ « usine », prix « usine », magasin d’ « usine ». (= entrepôt qui vend au particulier, mais sans apprêt, des produits aux conditions du gros, ou presque).
Mais, l’ « usine » est surtout devenu le synonyme de lieu de grosse production, mode de grosse production, et en général dans les contextes différents et ironiques.

Une « usine à… » par exemple, est une formule assez productive : « usine » à mômes (famille nombreuse – assez péjoratif), « usine » à ski (station de ski isolée dans les champs de neige et séparée de toute vie sociale en dehors des vacances de neige).Ou « usine » à bronzer… On a pu entendre aussi « usine » à bouffe (cantine) ou « usine » à chômeurs (mauvaise filière scolaire).
Dans tous ces cas, le mot « usine » est donc utilisé dans des expressions sarcastiques, où il est employé pour déprécier ce dont on parle.

L’ « usine » à gaz a droit à un traitement spécial : énorme entreprise, lourde, en général coûteuse ; projet mégalomane et difficile à cerner.

Terminons avec « c’est pas l’usine ! », proche de « on n’est pas aux pièces », exemple de bonne humeur gouailleuse et populaire, pour dire « inutile de trop se presser, ou de trop s’en faire ».