TESTING

Par: (pas credité)


Un mot qu’on entend beaucoup en ce moment, dans un contexte et avec un sens particuliers. Un titre du journal Libération titrait hier Victoire du « testing » devant la justice.

De quoi s’agit-il ? En particulier – et je cite l’article de Libération « d’opérations organisées pour piéger les discothèques soupçonnées de pratiquer la discrimination ».
Autrement dit, lorsqu’une discothèque – ou un établissement public quelconque – est soupçonné de filtrer les entrées en fonction de l’appartenance ethnique et de la couleur de la peau, on fait un essai sur place : on fait se présenter, en présence d’un huissier de justice, des groupes de personnes blanches, noires, d’origine maghrébine ? etc. Tout le monde est habillé sensiblement de la même façon. Si les blancs passent, et pas les autres, on est conduit à conclure à la discrimination. L’huissier constate, officiellement. Il ne reste plus qu’à porter plainte. Le tout est de savoir si ce genre de dispositif sera accepté par la justice comme preuve de la volonté discriminatoire.

Le « testing » désigne donc cet essai, cette mise à l’épreuve des comportements du réceptionniste ou du patron de la boîte.
C’est simple : on « teste ». C’est-à-dire qu’on met à l’épreuve, qu’on imagine un dispositif qui permettra de vérifier, de se rendre compte de la façon dont marche quelque chose.

« Faire un test », c’est faire un essai révélateur. Au Moyen-Age, on « testait » l’or : on en évaluait la pureté en le faisant chauffer dans un pot spécial, le « test », un mot qui appartient au vocabulaire des alchimistes : le mot est de la même racine que tête, et désigne au départ la tête d’un pot, c’est-à-dire, un couvercle, puis par extension, le pot lui-même.
Le mot a ensuite été emprunté par l’anglais, dans le domaine de la psychologie : on a parlé des « tests » de comportements, d’intelligence, d’adaptation… Et c’est de là qu’il nous est revenu en français.
On voit donc qu’il est censé déboucher sur un jugement de valeur : on se sent jugé quand on vous fait passer un « test », et la situation n’a rien de sécurisant.

En tout cas , si le mot « test » est un anglicisme aujourd’hui, on voit que l’origine du mot est bien française. Mais « testing » ? C’est ce dernier vocable qui est intéressant, qui ancre véritablement l’expression dans une ambiance franglaise, mais qui donne un sens particulier au mot : le « testing » n’est pas le « test » : c’est la pratique du « test », et presque son habitude. Et de l’habitude à la mauvaise habitude…