POSTHUME

Par: (pas credité)


Haïlé Sélassié enterré 25 ans après sa mort, ça vous fait une belle cérémonie « posthume ». Mai, peut-on vraiment parler de cérémonie « posthume » à propos d’un enterrement, se déroulât-il 25 ans après la mort de l’intéressé ?

Le mot « posthume » signifie, en général : qui se passe après la mort de la personne concernée - une gloire « posthume »… Mais, un enterrement ? Si l’on excepte Antigone et quelques privilégiés tragiques, l’enterrement a toujours lieu après la mort de celui qu’on enterre. Il n’y a entre le Négus et le commun des mortels (je dirai même plus, le commun des morts) qu’une différence de degré.
Alors qu’est-ce qui est « posthume » dans la vie courante ? Parfois la gloire, on l’a dit, celle qui vient trop tard pour qu’on en profite (Van Gogh ? Lautréamont ?) Parfois une publication – un manuscrit retrouvé ? un souhait de l’auteur ? (Chateaubriand et les Mémoires d’Outre-Tombe). Une décoration – on est généralement décoré à titre « posthume » quand on a laissé sa vie dans l’action d’éclat qui vous vaut d’être récompensé.

Le premier sens du mot est presque oublié : il s’agit d’un enfant né après la mort de son père. Littéralement, un enfant de l’après – et le mot latin postumus est un simple dérivé de post, la préposition latine qui signifie après. Mais, c’est un fantasme étymologique qui a voulu qu’on interprète postumus comme post humus : au-delà de la terre. L’humus, c’est la terre, et notamment celle qui recouvre les morts, celle dans laquelle on est inhumé.
« Posthume » a donc été compris comme ce qui survit à l’inhumation.