PAGODE

Par: (pas credité)


Que se passe-t-il à la « Pagode » ? Plus grand chose ces derniers temps.

Il faut dire que la « Pagode » est le nom de ce qui a été le seul cinéma du VIIème arrondissement de Paris, hébergé en effet dans une « pagode », construite à l’identique de celles qui s’éparpillent dans tout l’Extrême-Orient. Le mot s’emploie aujourd’hui pour désigner les lieux de culte bouddhistes qu’on trouve en Chine et dans le Sud-est asiatique. A tel point que c’est presque le symbole architectural de monde chinois.

On pourrait donc s’attendre à ce qu’il soit d’origine chinoise. Eh bien, pas du tout : on n’est pas trop sûr de sa provenance, mais c’est soit l’Inde, soit la Perse ; soit le sanscrit (et le mot serait passé en dravidien, puis, beaucoup plus tard, en portugais et enfin en français), soit le persan. Et l’origine pourrait en être l’un des noms de Kali (pagodi ou pagavadi ?), femme de Shiva dans la mythologie indienne. Et pourtant, ce nom ne désigne pas un temple indien.

En tout cas, le mot est ancien en français, et a pu parfois désigner diverses choses : un magot, une idole orientale ; ou une monnaie, frappée à Pondichéry, valable dans les Indes françaises à partir de 1750. Mais, la France connaît mal l’Extrême-Orient. Ce qui explique que la « pagode » symbolise davantage un peuple, une civilisation, voire une zone géographique, qu’une religion.
Alors que si l’on considère deux autres lieux de culte, la mosquée et la synagogue, leurs dénominations renvoient clairement à l’Islam et au judaïsme.

Le mot « mosquée » a suivi un cheminement très compliqué depuis l’arabe masgid, lieu d’adoration, qui est passé par le grec byzantin (masgidion), avant d’être déformé en espagnol (mezquita), adapté en latin (meschita) et transcrit tant bien que mal en italien (moscheta), puis en français (musquette, muscat, mesquit, musquée…). Hésitations multiples, bien révélatrices d’une difficulté fondamentale à admettre que l’autre puisse prier comme soi. Ceci dit, comme tout ça s’est passé à l’époque des premières Croisades, cette intolérance n’est pas très surprenante.

Quant à la « synagogue », son histoire est encore différente : le nom de ce lieu de culte juif vient du grec (rassembler, conduire ensemble), et la synagogue a d’abord été, semble-t-il, la communauté juive dans son ensemble, ce mot étant employé par des Juifs de langue grecque. Très tôt, en ancien français (XIème siècle), le mot désigne un temple païen, puis juif. Mais, l’antisémitisme latent qui a bercé toute l’histoire de France lui a donné de ci, de là des acceptions fantaisistes : ainsi, durant la Réforme, les synagogues désignent, sous la plume des Protestants, les églises catholiques. Et, le mot a également désigné « une société de gens ridicules, qui décident à tort et à travers ».