LES INROCKUPTIBLES
Par: (pas credité)
C’est le 9 novembre 2000 qu’a débuté une nouvelle édition du Festival « Les Inrockuptibles », festival musical, organisé par le magazine mensuel du même nom. Les « inrockuptibles »… calembour à partir d’ « incorruptibles », contaminé par le mot rock… A proprement parler, ça ne veut rien dire. Mais ça évoque une sorte de radicalisme, les « incorruptibles » du rock.
Et pour comprendre le jeu de mots, il faut savoir ce que sont les « Incorruptibles » : l’exemple même de ce qu’on appelle aujourd’hui (et de façon ridiculement abusive) une série culte. « Les Incorruptibles », c’est donc le titre d’une série télévisée américaine, produite à la fin des années 60, qui retrace en les romançant largement les exploits d’une brigade policière qui lutte contre le banditisme triomphant aux Etats-Unis, particulièrement à Chicago, à la fin des années 20. C’est la prohibition, c’est-à-dire l’interdiction de la fabrication, du commerce et de la consommation de boissons alcoolisées. C’est donc la porte ouverte aux contrebandes et aux distilleries clandestines d’alcool frelaté de tout poil. Les policiers et politiciens sont largement achetés par les puissants gangs. Ceux qu’on ne peut acheter, qu’on ne peut corrompre, ce sont (paraît-il) les « incorruptibles », notamment les « Feds », les agents de la police fédérale, mandatée par le gouvernement central des Etats-Unis, avec le célèbre Eliott Ness, le premier des « intouchables ».
Mais, l’adjectif « incorruptible » avait déjà une histoire en France, en particulier, commencée sous la Révolution : c’était le surnom de Robespierre, puis le titre d’un journal révolutionnaire. Et le nom « corruption » s’emploie beaucoup dans un vocabulaire politique, à propos d’un régime dont les fonctionnaires sont sensibles aux bakchichs : régime corrompu, régime « corrompu » jusqu’à la moelle… les locutions sont nombreuses pour désigner et stigmatiser ce genre de structure gouvernementale : on parle souvent de régime pourri.
Cette image se comprend, car on a encore à l’esprit un autre sens du mot : après avoir signifié séduire, débaucher une femme, « corrompre » a désigné l’altération et la décomposition d’un aliment. Le mot n’est plus très souvent employé dans ce sens, sauf de façon très littéraire, et plutôt à propos de l’affreuse image d’un cadavre (les chairs se corrompent), mais cette acception est encore bien présente dans la figure du mot.