FRANCOPHONIE
Par: (pas credité)
Vous écoutez RFI ? Vous êtes donc francophone, cela tombe sous le sens. On le souligne aujourd’hui car une partie des émissions est diffusée depuis le Bénin, et donc que nous mettons l’accent sur certains aspects de la Francophonie.
Ce mot est savant mais se comprend facilement.
Formé sur le modèle de francophilie (l’amour de la France), il est composé de façon assez sympathiquement hybride, et ironie du sort, c’est presque un monstre linguistique – de quoi couper la chique aux puristes.
Franco- évoque bien sûr le français… mais le mot est d’origine franque, c’est-à-dire germanique.
Quant à phonie, le mot a bien sûr une origine grecque et représente la voix, la parole, et même, la langue dans ce seul exemple.
Le mot désigne donc le fait de parler français
Et pourtant, c’est plus complexe, et nous distinguerons francophonie et Francophonie.
Un peu d’histoire d’abord.
Le mot francophonie naît en 1880, sous la plume d’Onésime Reclus. Onésime était l’un des quatre frères géographes, républicains acharnés : Elysée, Onésime, Michel Elie, et Armand Elie Ebenezer… Fratrie exceptionnelle et pyrénéenne. Onésime a donc un style fleuri et poétique et écrit pêle-mêle La terre à vol d’oiseau, Le plus beau royaume sous le ciel, Lâchons l’Asie, prenons l’Afrique… et crée ce mot de francophonie pour désigner tous ceux qui, autour du globe parlent français… Le mot, comme une Belle au bois dormant, s’endort, pour se éveiller après une sieste de 80 ans, dans les années 60, au moment des indépendances.
Et peu après naît la Francophonie, c’est-à-dire la construction institutionnelle qui veut servir d’ossature à ce « continent logique ». Ainsi en 1970 naît l’ACCT, agence de coopération culturelle et technique, qui deviendra l’Agence de la Francophonie.
Et peuvent ainsi se développer des manifestations transnationales comme les Jeux de la Francophonie, ou les Francofolies de La Rochelle, le Festival des Francophonies en Limousin, ou le MASA d’Abidjan.
Reste que le mot francophone est devenu très courant (francophone parfait, francophone occasionnel, pays francophone…) et témoigne à la fois d’une volonté que le français ne soit plus centralisé en France et d’une certaine impossibilité à le décentraliser complètement : qui dit francophone comprend souvent « qui parle français sans être français ». On parlera davantage de grands artistes francophones à propos de Basquiat ou de Kourouma que de Matisse ou Messiaen.