NICHE
Par: (pas credité)
« Niche parlementaire »… Qu’est-ce que c’est ? Libre à vous de l’imaginer. C’est bien la preuve que ce mot de « niche » est à la mode, et d’ailleurs, on l’emploie à toutes les sauces : « niches » écologiques, économiques, fiscales, coucouche panier, papattes en rond et patin couffin.
Commençons, si vous voulez bien par l'économique. Cette « niche » correspond assez bien à ce qu’on appelle parfois aussi un créneau, c’est-à-dire un segment de marché qui a échappé au regard avide des confrères, et qui semble vous tendre les bras (la familiale urbaine économique, pour les fabricants de voiture, le site de réservation de tables de restaurant sur l’Internet, l’équipement sanitaire pour divorcé(e) rural(e) ou le massage post-californien groupal à visage humain). De même que pour le créneau douillettement coincé entre ses deux merlons, on a l’idée d’un espace restreint et clairement délimité.
Pour la « niche » écologique, on est également renvoyé à cette idée d’espace préservé. Le dictionnaire nous apprend que ce mot (emprunté à l’anglais qui lui-même le tenait, plus anciennement du français) apparaît pas plus tard que 1927, ce qui n’est pas pour nous rajeunir, et qu’il est synonyme de biotope. Et on est bien avancé. Jusqu’à ce qu’on s’avise que le biotope est un lieu où sont réunies les conditions de vie d’une certaine espèce, genre ou sous-groupe (comment ça, le XVIème, biotope des caniches ? Vous rêvez ? Parlez-moi plutôt des iguanes des Galapagos.) De toute façon, on n’a qu’à décomposer le mot pour comprendre comment il fonctionne : bio – tope. Vous voyez comme c’est simple.
Un peu d’étymologie maintenant. D’où vient-il, ce mot « niche » ? Peut-être de l’architecture (nicchia en italien), puisque depuis le Xvème siècle, le mot désigne les renfoncements pratiqués dans les murs qui souvent abritent un objet, une statuette, une lampe, tutti quanti… Ça expose et ça protège à la fois. Et c’est de ce sens que dérive celui, si commun et si familier, de petite cabane pour le chien.
D’où on tire bien sûr une expression telle que « A la niche ! » familiarité assez insultante, pour dire « Tais-toi gueulard ! »
Mais, je vois votre bel œil noircir, votre sourcil arqué qui se fronce, votre front soucieux qui se plisse… C’est donc, me direz-vous, que « niche » ne viendrait pas de « nicher », verbe qui lui-même dérive de nidificare (faire son nid) ? Oui et non ma chère ; les deux influences ont dû se croiser et la « niche » aujourd’hui évoque bien ce pelotonnement tiède du nid. Car si « nicher », c’est faire un nid, « se nicher », c’est se blottir, se mettre à l’abri d’une chaleur régressive et protectrice, et par extension se cacher.
Et « nicher » donne le jour à « dénicher » : débusquer, trouver ce qui était peu visible, caché… « Dénicher » aux Puces la bonne affaire ? Affaire de flair.