MOULINS A VENT
Par: (pas credité)
Qui se bat encore contre des moulins à vent ? Ne cherchez pas, ils sont légion… Ceux qui voudraient remplacer, dans le français des affaires marketing par mercatique ? Ou ceux qui voudraient rendre entièrement transparent le financement des partis politiques ? Se battre contre des moulins à vent, c’est donc partir d’idées généreuses, mais se lancer dans des combats utopiques, perdus d’avance, en se trompant d’adversaire, en visant trop haut, sans avoir le sens des réalités… Et tout ça fait bien sûr référence à Cervantès, et à Don Quichotte.
Le moulin a pratiquement disparu du paysage quotidien, mais en Occident, ça a été longtemps un élément essentiel de la vie rurale collective. Et c’est ainsi qu’on peut comprendre une expression comme on ne peut pas être à la fois au four et au moulin, qui signifie : on ne peut pas faire deux choses en même temps. Car traditionnellement, le moulin et le four étaient chacun un lieu banal, c’est-à-dire un lieu dépendant du seigneur, qu’on était tenu d’utiliser (voulût-on moudre ou cuire) à l’exclusion de tout autre, et après avoir payé une redevance. Et c’était, par conséquent, un lieu d’échange social, masculin et profane (le lavoir et l’église en étant les symétriques, l’un féminin, l’autre sacré). C’est également cet usage collectif qui explique vraisemblablement la locution « entrer quelque part comme dans un moulin » – c’est-à-dire sans avoir d’autorisation à demander, de porte à ouvrir, de chevillette à tirer. Alors qu’aujourd’hui, l’expression sert plutôt à dire qu’un bâtiment n’est pas fermé à clé ni surveillé.
Autre expression assez ancienne : « jeter son bonnet par dessus les moulins » : perdre toute retenue et vivre selon son humeur et son caprice. Mais, la référence aux moulins reste obscure, même si le bonnet représente la tête, donc la raison et la modération.
Quant à « amener de l’eau au moulin de quelqu’un », l’allusion change d’image, puisqu’il ne s’agit plus du moulin à vent. Il s’agit, dans une discussion, de donner un argument supplémentaire à son contradicteur, ou à quelqu’un qui n’est pas de votre bord.