BATAILLE RANGEE

Par: (pas credité)


A Montereau, on va reconstituer demain (samedi 17), dans le parc de Noues, une bataille napoléonienne. Grande bataille, belle bataille, avec stratégie d’ensemble, détail des tactiques, un modèle de bataille rangée à l’ancienne.
Ah ! vous voulez savoir la différence entre tactique et stratégie ? Ce n’est pas qu’elle soit immense, mais en général, on considère que la tactique est une réflexion à plus brève échéance que la stratégie : une réflexion tactique : deux coups d’avance ; une pensée stratégique : cinq coups d’avance. La stratégie s’appliquerait donc plutôt à la guerre, et la tactique à la bataille. Et les tactiques Napoléoniennes ont fait école, tant il était, dit-on, bon général.
Une chose est sure, Napo était le roi de la bataille rangée (enfin l’Empereur), et la bataille rangée est à la guerre ce que le dimanche des Rameaux est à la paix, ou le concerto est à la musique : la forme pleinement accomplie, qui permet l’apogée d’un style. Bataille rangée qui s’oppose donc au désordre, considère la bataille comme l’un des beaux arts, et oppose des armées ordonnées en rangs de bataille. Et l’expression date de la fin du 12ème siècle. Aujourd’hui l’expression s’emploie parfois pour souligner l’envergure, le côté décidé d’un affrontement – notamment à propos d’un affrontement de rue entre des manifestants et des forces de l’ordre : la manifestation s’est transformée en véritable bataille rangée. L’emploi de l’adjectif véritable montre, paradoxalement, que ce n’est pas une vraie véritable bataille rangée. Mais le mot renforce l’impression de deux forces presque égales, déterminées à se battre, et non pas d’une police qui réprime des fauteurs de troubles.
Qu’est-ce qu’on a comme mots spécifiques pour caractériser une bataille ? Pas tant que ça. Une bataille navale s’est appelée une naumachie, soit, mais le mot est rare et cuistre.
On a plus de diversité du côté des petites passes d’armes : incidents de frontière, accrochage, échauffourée même, qui signifie aussi bien bagarre, rixe privée, que rencontre mineure entre soldats ennemis. On est pas bien loin de l’escarmouche. Et les deux mots ont des étymologies compliquées et croisées.
Echauffourée est fait de eschauffe (qui vient bien sûr d’eschauffer) qui signifie poussée de fièvre, et de fourré, tel qu’on peut le trouver dans l’expression coup fourré, c’est-à-dire, qui tourne mal, qui se retourne contre son instigateur.
Quant à escarmouche, dont la sonorité évoque une origine italienne, c’est bien plus compliqué que ça n’en a l’air : ce serait le croisement de la racine escremie (combat ; cf escrime) avec le verbe muchier = cacher. Et pour pimenter le tout, la dernière syllabe aurait subi l’influence de mouche, l’espion. Iml n’empêche que l’italien scaramuccia existe bel et bien.