ICONOCLASTE

Par: (pas credité)


PARLER AU QUOTIDIEN DU 1er MARS 2001

Le chef autoproclamé des Talibans vient d’ordonner la destruction de toutes les statues du pays, c’est-à-dire de l’un des plus beaux ensembles artistiques du monde, éparpillé un peu partout dans le pays, avec certaines concentrations comme les admirables statues de la vallée de Bamyan, dont beaucoup ont déjà, depuis longtemps, le visage arasé, en conformité avec une certaine idée de l’orthodoxie islamique.

Ce décret est donc, au sens propre, « iconoclaste », puisqu’il appelle à briser les images. Le mot vient du grec byzantin, et à partir de l’année 730 de notre ère, une violente polémique s’est déroulée sur plus d’un siècle, pour savoir si l’on devait conserver – et adorer – des images saintes, des représentations du Christ, des Saints, de la Vierge… Léon XIII, empereur était contre, mécontentant ainsi une grande partie de son peuple ; son fils l’avait suivi dans cette voie ; l’impératrice Irène, plus tard, change la donne… A partir de la fin du IXème siècle, on pouvait de nouveau adorer ses idoles… enfin ses icônes.

Le mot « iconoclaste » à partir du XIXème a pris un sens figuré, d’abord péjoratif : celui qui ne respecte pas les valeurs traditionnelles, et qui manque de respect à ce qu’il y a de plus sacré.
Mais souvent, au XXème, ce même mot est repris avec un sens beaucoup plus positif : l’ « iconoclaste » est celui qui opère un dépoussiérage salutaire, qui n’a pas peur de contester ce qui apparaissait comme vérité révélée, qui fait preuve d’une impertinence rafraîchissante : celui qui parfois dit : « Le roi est nu ».