TUEUR

Par: (pas credité)


PARLER AU QUOTIDIEN DU 20 MARS 2001

Procès de Guy Georges qu’on présume être « le tueur de l’Est parisien », et qu’on présente sous l’image inquiétante du « tueur en série » : Il est soupçonné de sept meurtres, d’une tentative d’homicide, d’un viol avec arme et de deux agressions. L’expression « en série » s’explique donc d’elle-même.

Pourtant, l’expression « tueur en série » n’est pas si ancienne, et elle est calquée sur l’expression américaine « serial killer ». Pourtant, l’expression est parfaitement formée en français, et même assez précise, puisque la série donne cette idée d’un grand nombre d’objets identiques. Et ce qui caractérise les « tueurs en série », c’est justement de commettre un grand nombre de crimes dans des circonstances relativement analogues, crimes sexuels, la plupart du temps, commis sur des victimes et dans des circonstances qui se ressemblent.

C’est pourquoi sont à la mode, maintenant, les « profileurs » (profilers en anglais), psychologues criminologistes qui tentent d’élaborer le profil psychologique du meurtrier qui aidera, pense-t-on, à prévenir le crime suivant et à arrêter le criminel.
Le mot de « profileur » n’est pas encore ancré dans la langue, mais il s’est entendu. (Par contre, on n’emploie pas en français l’expression « psycho-tueur » qui serait l’équivalent du « psycho killer » américain, expression équivalente de « serial killer », que le roman puis le film American psycho, malgré leur succès, n’ont pas popularisée.

Maintenant, les anglicismes ou les traductions de l’anglais sont une vieille histoire en ce domaine, puisque le tristement célèbre Jacques l’Eventreur éventrait déjà, à Londres, à la fin du siècle dernier, sous le nom de Jack the Ripper. Chacun privilégiant la technique de son choix, on a parlé de même (en particulier à la fin des années 60) d’étrangleur.

Tous les tueurs ne sont pas abonnés à la série, et le mot dénomme sans problème les amoureux du crime original, du meurtre isolé ou de l’assassinat sans habitude. Son emploi est assez ancien, avec un premier sens précis qui le fait désigner à partir du XVème siècle un meurtrier pour de l’argent.

L’expression « tueur à gages », qu’on pourrait croire née avec la série noire, apparaît d’ailleurs au milieu du XVIème siècle. Le mot « gage » (rétribution d’un domestique) atteste d’ailleurs de son antiquité. Des équivalents ? On n’en manque pas, même si certains sont hélas légèrement passés de mode. Ainsi du sicaire (sica est, en latin, un poignard recourbé) ou du spadassin (et spada, c’est l’épée en italien). Sans parler du brave (ou du bravo, lui aussi nous venait d’Italie, et renvoyait selon les cas à un assassin ou à un maître-chanteur), du nervi (l’origine est marseillaise) ou du satellite qui, au départ, n’est qu’un garde du corps.