RESEAU
Par: (pas credité)
PARLER AU QUOTIDIEN DU 27 MARS 2001
Mot très à la mode, mais également très employé, indépendamment de tout effet de mode parce que l’image qu’il porte est très productive, dans les technologies et les imaginaires contemporains. (« Mettre en réseau », « faire partie d’un réseau », « démanteler un réseau »…).
Alors quelle est cette image du « réseau » ? Au départ, un « réseau » est simplement un filet, c’est à dire un ouvrage tissé large, fait de mailles plutôt régulières (pas un tissu pour s’habiller). L’origine du mot est rets, vieux mot français presque sorti d’usage, et fort littéraire (D’Artagnan pris dans les rets de Milady) qui dérive du latin retes, le filet (de pêche notamment). Souvenons-nous des gladiateurs et du rétiaire, celui qui a un filet pour emprisonner son adversaire. Souvenons-nous aussi de la résille : filet pour emprisonner un chignon, puis, en apposition dans bas résille.
La métaphore est aisée à comprendre : un filet imaginaire va donner l’image d’une multitude de points reliés les uns aux autres. C’est l’image même de la communication, et on parle de « réseau » routier, ferroviaire (cf. RER), et donc aérien. On parle aujourd’hui parfois, avec exactement la même image, de maillage : l’image est plus chic, car moins fréquente et plus neuve. Quant au quadrillage, il désigne plutôt le fait d’implanter un « réseau », de le construire. Et de plus, ce mot est employé pour désigner une recherche minutieuse, dans un périmètre donné (la police a quadrillé chaque pouce de terrain pour retrouver l’assassin…).
L’image du « réseau » s’est appliquée à bien d’autres réalités (électrique, téléphonique, etc.). Mais, elle s’est nimbée de mystère : le mot a souvent désigné un agencement de relations secrètes, connu des seuls initiés : « réseau » d’espions, de trafiquants (ces « réseaux » qu’on démantèle, pour utiliser le verbe consacré). L’idée de la société secrète rôde là derrière : un « réseau » est facilement occulte : « réseaux » liés aux amitiés politiques, etc. Mais, l’image n’est pas forcément négative (« réseaux » de Résistance pendant l’Occupation).
Et surtout, le « réseau » est l’image commandeuse de l’informatique : la traduction anglaise littéral de « réseau » est net. Mais sans aller jusque-là, on parle de « réseau » d’ordinateurs, de « nanoréseaux », etc.