LOFT

Par: (pas credité)


PARLER AU QUOTIDIEN DU 3 MAI 2001

Le mot a été mis à la mode par une série télé très discutée, mais qui prouve bien que le mot est compréhensible par la plupart des gens et qu’il évoque une certaine modernité.

Ce mot de loft a été utilisé dans l’immobilier d’abord au Etats-Unis, à partir de la fin des années 60. Le mot désigne d’abord un entrepôt, un hangar à vocation industrielle (Au XIIIème siècle, en anglais, c’était un grenier). Après guerre, toute une implantation industrielle réelle dans certaines capitales devient un peu incongrue. Ces lieux sont grands, mais plus assez. D’autre part, ils sont situés dans des quartiers de plus en plus convoités par l’habitat ou le secteur tertiaire. L’industrie les déserte donc, et les voilà sur le marché. Comme ils ne sont pas suréquipés (en vue d’un usage d’habitation), ils sont relativement moins chers que d’autres. Ils commenceront donc à être récupérés par des artistes, désargentés ou pas, qui ont besoin d’espace pour créer. Et ceci, d’abord dans le quartier de Soho de New-York (Soho est aussi le nom d’un quartier londonien, mais à New-York, il est à la fois clin d’œil à Londres et abrègement de South of Houston Street). Ils y abritent l’avant-garde artistique (Cf la « loft generation »), deviennent des lieux à la mode, pour finir par influencer toute une façon de considérer l’espace habitable.

Paris s’empare du phénomène dans les années 80, et beaucoup d’usines ou de locaux industriels de Paris et de sa proche banlieue sont ainsi transformés. L’espace est, en général, grand et d’un seul tenant. La logique est donc toute différente de celle de l’appartement bourgeois.

Mais, même ce fameux appartement a connu des changements dans les dénominations de ses espaces. Parle-t-on encore de salon aujourd’hui ? Fort peu. Le mot renvoie trop à une notion de sociabilité bourgeoise, de réception, de soirée priée en accord avec l’architecture hausmannienne, mais plus guère avec l’aménagement intérieur contemporain. Le salon d’abord s’adjoignait souvent une salle à manger. Alors qu’aujourd’hui, on ne conçoit plus vraiment ces deux espaces comme séparés.

Encore un anglicisme : c’est le living-room, bientôt abrégé en living, qui a pris le relais dans les années d’après-guerre. Mais, ce living (parfois « double living », dans les petites annonces immobilières) fait lui aussi vieillot. On parle volontiers de « la grande pièce », de la pièce à vivre, voire de la pièce tout court, pour désigner cette pièce qui est réservée à un usage collectif – alors que les autres, les chambres, particulièrement, sont davantage privatives.