COSMETIQUES

Par: (pas credité)


PARLER AU QUOTIDIEN DU 8 MAI 2001


En commentant les mesures annoncées par le gouvernement pour lutter contre les licenciements opérés par les entreprises prospères, un syndicaliste a parlé de mesures cosmétiques.
Pourquoi cosmétiques ? On comprend que le mot traduit un sens défavorable : Il s’agit de mesurettes, juste bonnes à calmer l’émotion qui ne traitent le fond de la question, jouent sur les apparences et veulent donner le change.
En effet le cosmétique a un rapport avec la maquillage, le fard, donc l’illusion. On maquille aussi une voiture volée pour la rendre méconnaissable, mais là l’image est différente. L’art cosmétique en grec, c’est l’art de la parure. Et quand le mot passe en français, c’est d’abord pour désigner l’ensemble des produits qui permettent de fixer la chevelure : le cosmétique est le frère aîné de la brillantine. Et plus récemment, l’emploi du mot s’est élargi à tous les produits industriels destinés à la toilette et aux soins du corps, à la préservation de sa jeunesse et de sa beauté.
Si cet accouplement de la politique et de l’esthétique est original, il est bien dans l’air du temps, et de toute façon, il nous vient droit d’Amérique, où cette image est déjà ancienne : Cosmétic signifie souvent de surface, qui ne s’occupe que de la peau, de l’apparence.
En français, on parle souvent de replâtrage, avec une idée assez similaire, et pourtant un peu différente. L’image est emprunté au vocabulaire du bâtiment. Le plâtre sert à des réparations de surface. Si vraiment le problème est grave, si la structure de la maison a besoin qu’on s’occupe d’elle, un replâtrage ne fera que masquer les problèmes, les cacher derrière une façade propre, blanche et trompeuse. Et on parle aussi de replâtrage, lorsqu’on essaie de recoller les morceaux : aussi bien dans la vie privée que dans la vie publique, quand deux personnes ne s’entendent vraiment plus, on parle de replâtrage s’ils essaient, contre toute logique de reformer leur couple ou leur association.