PANTACOURT
Par: (pas credité)
PARLER AU QUOTIDIEN DU 21 MAI 2001
La vedette incontestée de la mode printemps-été pour les jeunes filles est le pantacourt. C’est-à-dire un pantalon qui s’arrête à mi-chemin entre le genou et le pied, laissant apparaître la cheville, et parfois un peu de mollet.
Mais, me direz-vous (peut-être), et quid du corsaire ! En voilà une innovation à la manque, servile réplique d’un concept qui fit les beaux jours de nos grandes sœurs ! Que nenni, très cher : le corsaire et le pantacourt, ce n’est pas du tout bonnet blanc et blanc bonnet : le ci-devant corsaire s’arrêtait au genou, et il était serré. Alors que le pantacourt est comme coupé dans sa chute indolente vers le sol, à la hauteur du mi-mollet ; il est donc relativement large. De plus, comment ne pas s’extasier devant la créativité linguistique qui relaye l’inventivité vestimentaire !
En effet, le pantacourt fait écho au pantalon. Echo plaisant qui pourrait faire penser que le pantalon est composé de pant et de long. C’est faux, bien évidemment. Le pantalon s’écrit sans « g » final et n’a pas de rapport avec l’adjectif.
Et ce pantalon dérive d’un nom propre italien (ou napolitain…) : Pantaleaone est un des personnages de la Commedia dell’arte, qui connaît un vif succès en France. Et, aux côtés d’Arlequin, Colombine, Matamore et Scaramouche, Pantaleone est le personnage du paysan grotesque, qui porte une drôle de culotte longue. Le mot va donc glisser du personnage à son vêtement, désignant d’abord l’habit dans son entier, puis uniquement sa partie inférieure, qui devient ce qu’on appelle maintenant un pantalon.
Par la suite, il sera porté en France comme vêtement d’atelier des ouvriers du Faubourg Saint-Antoine. Et Marat, en 1790, donne droit de cité au pantalon, lorsque les sans-culottes font irruption dans l’histoire.