BEMOL

Par: (pas credité)


PARLER AU QUOTIDIEN DU 29 MAI 2001

Le bémol fait partie de ces images à la mode depuis quelques années.
Notamment dans l’expression « mettre un bémol ». « Il a mis un bémol à ce bel enthousiasme collectif, en déclarant que les nouveaux bureaux ne seraient disponibles qu’à l’automne prochain ». L’expression signifie : il a jeté un froid, douché l’assistance, et mettre un bémol, c’est souvent gâcher la fête, ou tout au moins la figer.

Mais on va voir que l’expression peut avoir plusieurs sens figurés :
Au sens propre, un bémol est un signe musical, une altération qui modifie la hauteur d’une note en la baissant d’un demi-ton. Symétrique du dièse qui la monte d’autant. En rapport avec le bécarre qui l’annule.

L’étymologie du mot est un peu compliquée. Le signe du bémol est rond, avec une petite queue ; donc il ressemble un peu à un b minuscule. Pourquoi mol ? Le mot hérité de l’italien, puis de l’allemand est, bien sûr, de la même famille que mou (mollis) qui signifie, entre autres, mineur. Le mode mineur est parfois considéré comme « adouci », « émollient », par rapport au majeur. Et il se caractérise par l’abaissement d’un demi-ton du troisième degré de la gamme. On a donc, dans la gamme de do par ex., un mi bémol pour faire une gamme mineure.

Le premier des sens figurés est donc très facile à comprendre. Le bémol permet de « baisser le ton ». Et mettre un bémol a voulu dire, veut parfois encore dire « baisser le ton », le prendre sur un autre ton, se radoucir. « Au début, il s’est énervé ; mais quand Jojo est sorti de la voiture et l’a toisé du haut de ses 2m07, il a mis un bémol ». De même, on dit « mettre la pédale douce », si l’on veut utiliser une autre image musicale (la pédale douce, dite « una corda », permet, au piano, une frappe plus enrobée de la corde. Elle s’oppose à la pédale d’expression).

Dernier sens figuré assez souvent entendu : revoir à la baisse, corriger par défaut : le directeur financier a mis un bémol au financement du projet.
Et dans ce dernier sens comme dans d’autres, on entend même l’étonnant néologisme bémoliser.