POT
Par: (pas credité)
PARLER AU QUOTIDIEN DU 1er JUIN 2001
Du pot belge, en parlera-t-on jamais assez ? Cet infâme mélange d’amphétamines, de cocaïne, d’EPO et de déodorant pour pieds, censé être bon pour le mollet, sûrement mauvais pour reste que les cyclistes ingurgitent parfois avec l’espoir insensé que ça les aidera à devenir les rois de la pédale… Las !
Mais pourquoi pot belge ? Belge, on comprend : on dit que les coureurs belges y ont goûté plus souvent qu’à leur tour.
Alors pourquoi pot ? Au départ, un pot est un récipient destiné à contenir un liquide. Et on précise parfois quel liquide : pot à eau, pot à lait (ou pot au lait, pour Perrette chez La Fontaine), pot de vin (ce pot est encore en usage, notamment dans la région lyonnaise, pour désigner une petite bouteille, parente de la fillette, qui contient 50 cl. Mais bien sûr, le sens figuré de pot de vin, dessous de table, commission occulte, a pris le dessus.) Est-ce là la constellation de sens et d’emplois qui nous amènera au pot belge ? Point du tout. Tous ces pots-là se souviennent de « potable », c’est-à-dire buvable. Or, le pot belge, s’il s’avale, ne se boit pas.
Alors, serait-ce le pot dans lequel on faisait bouillir des aliments ? Le pot du pot-au-feu ? Le pot de la poule au pot ? Pas vraiment non plus.
Alors le pot-pourri ? On s’en rapproche. Car cet ancêtre du pot-au-feu désignait un mélange de viandes cuites avec des légumes. On n’est pas bien loin de la potée, mot qui apparaît à la fin du XVIème siècle. Et le pot-pourri va alors désigner, par extension, un assemblage de choses hétérogènes. On est maintenant tout près de notre pot belge, dans le quel on a jeté toute une sarabande d’ingrédients. Et ce pot-pourri aujourd’hui n’a guère plus que deux sens précis : ou bien une coupelle remplie de plantes aromatiques séchées, qui embaument l’atmosphère. Ou bien une succession d’airs musicaux qui s’enchaînent, comme s’ils ne formaient qu’un seul et même morceau.