GUEGUERRE

Par: (pas credité)


PARLER AU QUOTIDIEN DU 20 JUIN 2001


« A Fourons, lè guéguerre se rallume », titrait il y a quelques jours un quotidien français. Précisons que Fourons est une bourgade belge, située sur frontière linguistique : en deçà, on parle une langue, et au-delà, une autre (en principe). Les deux langues étant le français et le flamand.

Pourquoi ? Parce que des incidents ont éclaté, suite à une décision du bourgmestre flamand de vendre des appartements qui appartenaient à la commune… passons les détails : ce qui nous intéresse aujourd’hui, c’est ce mot de guéguerre… qui signifie d’abord qu’il ne s’agit pas d’une vraie guerre. C’est plutôt ce qu’on appelle aussi la petite guerre : harcèlements, provocations, escarmouches… et la dérivation guéguerre marque bien que la chose est considérée à la fois comme exaspérante et puérile.

Cette dérivation qui s’opère sur le modèle d’un redoublement de syllabe porte un nom : c’est une dérivation par gémination (c’est-à-dire par redoublement, justement). C’est le plus souvent un trait du langage parlé, et surtout familier, qui a en général une valeur affective. Et ce genre de mots, le plus souvent, échappent au dictionnaire.

Elle peut s’appliquer à des noms propres, des prénoms particulièrement : Cricri, Jeanjean, Lolo, Momo… et porte souvent une valeur affective forte : ma fifille, ma poupoule…
C’est pourquoi ce terme de guéguerre est à mettre plutôt à part : il échappe à cette minoration chaleureuse, et il aurait plus une connotation méprisante.
Cette connotation méprisante, on ne la retrouve guère que dans des expressions qui en rajoutent, et se moquent de ces formulations un peu bêtes (c’est-à-dire bébêtes) : Coucouche panier, papattes en rond.