BRONZETTE
Par: (pas credité)
PARLER AU QUOTIDIEN DU 26 JUIN 2001
Vive les vacances ! Voici que revient le temps du bronzage. Se faire bronzer : obsession de quelques vacanciers – c’est-à-dire exposer sa peau au soleil pour lui faire prendre une teinte agréablement caramélisée. Ce n’est qu’une mode esthétique, qui fait penser qu’un corps bruni est plus joli. Jadis, au contraire, on se protégeait du soleil, et rien n’était plus désirable qu’une peau laiteuse, pour les canons de la beauté occidentale. Mais aujourd’hui, on aime se faire bronzer – enfin surtout les blancs, car lorsqu’on bénéficie d’une couleur naturelle, cet avantage vous dispense des tracas du bronzage.
Bronzer, c’est donc se rapprocher de la teinte du bronze, cet alliage de cuivre et d’étain. Souvenons-nous en passant que ce verbe a eu, au temps passé, un autre sens figuré : rendre résistant comme le bronze, ce que nous rappelle cette formule qui eut son heure de gloire : il faut que le cœur se brise ou se bronze.
Mais revenons aux vacances : pour soigner son bronzage, plusieurs expressions plus ou moins familières : on pratique la bronzette, le bronzing, la grande bronze (familier, sur le modèle de la grande bouffe, ou de la glisse… Il y a toute une mode de formation de substantifs féminins à partir de verbes du 1er groupe, en –er), le tournedos, etc.
Un début de bronzage, qui hésite entre bonne mine et léger fonçage de la peau, est un hâle, et le verbe hâler s’emploie couramment, suite plutôt à un séjour au grand air qu’à une exposition délibérée au soleil cuisant.
Le mythe du bronzage a donné naissance aux « bronzés », personnages comiques, satiriques et un peu vulgaires d’une série de films populaires. Mais ne pas confondre avec l’euphémisme déplaisant à connotation raciste : il est bronzé, (variante de basané) pour dire il a un type d’Afrique du Nord.
Depuis quelques années, le bronzage n’a plus si bonne presse, et on parle beaucoup des dangers du soleil sur la peau. Se sont donc beaucoup développés les produits qui protègent des méfaits des rayons du soleil : après avoir activé le bronzage, ils le freinent. Ainsi a-t-on parlé de crème solaire, d’huile solaire, d’ambre solaire (marque déposée), et aujourd’hui, l’expression écran total (même si elle est techniquement fallacieuse, paraît-il) s’est généralisée. Et la formule est si répandue qu’elle sert de façon figurée, pour faire un titre d’émission consacrée au cinéma, ou faire comprendre que quelqu’un laisse son répondeur téléphonique branché en permanence pour ne pas être dérangé : l’écran total est devenu l’intensif du filtrage.