BILLETS
Par: (pas credité)
PARLER AU QUOTIDIEN DU 2 JUILLET 2001
Un frou-frou journalistique braque, en ce moment, les projecteurs sur le mot « billet ». Billets d’avion ; billets de banque… des billets, quoi.
Alors qu’est-ce que c’est ? L’étymologie du mot est un peu obscure et controversée, mais le billet est presque toujours un objet, matérialisé par un petit bout de papier ou de carton.
Le mot s’utilise d’abord pour ce qu’il y a d’écrit dessus. Il a, paraît-il, désigné une lettre de cachet (c’est-à-dire un ordre d’emprisonner), puis une formule magique – mais ça, c’est du passé lointain.
Puis, apparaît la spécialisation amoureuse : le billet doux, expression désuète, mais encore comprise, et parfois même utilisée, de façon plaisamment vieillotte.
Mais, le billet est surtout un papier qui atteste, tient lieu, certifie.
On parle encore de billet pour le spectacle. Il sert à entrer dans la salle, prouve que vous avez payé votre place. A partir de là, quelques expressions : billet de faveur (vx pour invitation, « exo »). Billetterie, ensemble des opérations de guichet, lors d’un spectacle : on parle des recettes de billetterie.
On parle aussi des billets qui servent de bons de transport : billets de train, d’avion, etc. Là encore, ils servent de récépissé, et attestent qu’on a payé son passage.
Et puis bien sûr, les billets de banque.
Mais, cette expression est loin d’être la première. On a parlé d’abord de lettre (lettre de change, etc.) puis de billet d’épargne, de billet de change, avant que ces espèces fussent monnaie courante. (Un mot sur les assignats, ces billets dont la valeur était gagée par une assignation sur les biens nationaux ?).
En tout cas, les billets représentent, au départ, une représentation symbolique de la richesse (par rapport à l’or, par exemple, qui semblait être la richesse elle-même). Le billet est donc, au départ, une richesse quasi-virtuelle. Ce qui a bien changé : maintenant qu’on s’est étonnamment habitué à leur usage, on a presque tendance à considérer qu’ils sont de la richesse réelle, anonyme et qui ne laisse pas de trace (ou si peu), par rapport à toute la richesse virtuelle, qui n’existe que par des jeux d’écriture, qu’aucun objet ne vient matérialiser.