INCESTE
Par: (pas credité)
PARLER AU QUOTIDIEN DU 4 JUILLET 2001
Le mot a été souvent entendu depuis cette malheureuse affaire, qui nous a montré un bébé dont la mère de 62 ans s’est fait réimplanter une ovule fécondée par son propre frère, le tout avec la bénédiction de la grand-mère. Tout ça condense beaucoup de transgressions, alors que certains soulignent qu’il n’y aurait pas d’inceste à proprement parler : aucune consanguinité entre le spermatozoïde (du père –oncle) et l’ovule (d’une donneuse étrangère à la famille). Alors, linguistiquement parlant, y a-t-il une stricte définition de l’inceste ?
Si l’on considère que l’inceste désigne des relations sexuelles entre proches parents, en effet pas d’inceste : pas de relations sexuelles du tout. L’enfant n’est donc pas incestueux ? Il est pourtant fortement parqué par une seule et même famille qui cerne de toute part sa procréation.
Mais le sens du mot inceste ne saurait être considéré d’un simple point de vue technique : l’inceste n’existe qu’en fonction de sa prohibition, c’est-à-dire de son interdiction.
Le problème est donc : qu’est-ce qu’on interdit, quand on interdit l’inceste ?
Le mot latin incestus est traduit par impur, souillé, sacrilège. L’ incestus est ce qui n’est pas castus : pur, vertueux, chaste. Cf la casta diva à laquelle Norma adresse sa prière dans l’opéra de Bellini. Notons au passage que ce n’est pas Norma, ni la cantatrice qui l’incarne qui sont la Casta Diva, mais la chaste déesse que l’on invoque. Et on voit que cet adjectif chaste est de la même famille qu’inceste. L’inceste est donc le « non chaste ».
Et le mot chaste désigne d’abord ce qui est conforme au rite. Quel que soit l’interdit, où que passe la ligne de démarcation, l’important est de savoir qu’il y a un en deçà et un au-delà.
Pourtant, le mot chaste a pris en français moderne un sens bien plus spécialisé : il désigne l’abstinence sexuelle (Cf. vœu de chasteté).