SOLO

Par: (pas credité)


PARLER AU QUOTIDIEN DU 17 JUILLET 2001


Solo, un nouveau titre, une nouvelle fleur qui va augmenter la guirlande déjà fournie de la presse musicale française. Le mot, en effet, évoque le monde de la musique, riche en termes italiens.

Solo en est un à l’origine (= seul), mais il est depuis longtemps si bien acclimaté en français que les recommandations officielles préconisent l’expression spectacle solo pour éviter l’infâme anglicisme one man show.

Au premier sens, solo désigne un morceau exécuté par un seul instrumentiste, (ou souvent un chanteur) ; c’est le premier élément de la série solo, duo, trio, etc. (Syrinx, morceau pour flûte solo, ou solo de flûte).

Mais le mot a un autre sens, et s’applique également à un fragment musical qui met en valeur un seul instrument, alors même que cet instrument est soutenu par tout l’orchestre. Dans les symphonies, par exemple, -morceaux qui ne privilégient pas d’entrée de jeu un instrument sur les autres- on trouve des solos de toute sorte d’instruments (ou des soli - pluriel à gloser rapidement).

Dans le monde du jazz, on parle également beaucoup de solos dans un sens un peu différent : il s’agit, en général après l’exposé d’une mélodie, d’une partie improvisée par un instrument autour de cette mélodie. Comme dans le cadre symphonique, le musicien qui prend son solo n’est donc pas seul à jouer. On entend souvent l’expression « solo absolu », qui peut sembler ridicule ou pléonastique, mais qui souligne justement qu’un musicien n’est pas accompagné.

Revenons à la musique classique : dans le cas d’un concerto pour orchestre + un seul instrument (piano et orchestre, violon et orchestre, etc.) on n’utilisera pas le mot solo à propos de cet instrument, mais on parlera d’instrument soliste. De même, on parle de soliste à propos d’un musicien qui fait carrière sous son nom, en tant qu’individu, et non pas comme simple musicien qui fait partie d’un orchestre (musicien du rang).

Quant à solitaire, adjectif bien français qui, comme solo bien sûr, dérive de solus et double le mot seul, il a des sens assez différents. Sa signification première souligne une position de solitude. Mais cette solitude peut être, soit recherchée (un caractère solitaire), soit subie (je suis un peu solitaire…). Quand on parle d’un solitaire, on met l’accent sur une vie retirée, isolée, alors que la vie sociale est la norme. C’est vrai pour les humains (et en particulier les solitaires de Port-Royal), comme pour les animaux : on citera d’abord le cas du vieil éléphant, puis celui du sanglier, vieux mâle farouche et grincheux qui retrouve son étymologie avec cette bougonnerie : sanglier vient en effet de singulier : tout seul.

Pour finir, l’expression en solitaire, honorée par les courses de voilier, et qui a rejailli sur l’expression navigateur solitaire.