COURAGE!

Par: (pas credité)


PARLER AU QUOTIDIEN DU 25 JUILLET 2001

« Rodrigue, as-tu du cœur ? » Interrogation vibrante et un peu empoisonnée, que Don Diègue lance à son fils Rodrigue, dans Le Cid de Corneille. Empoisonnée, car que voulez-vous qu’on réponde à ça ? Le pauvre Rodrigue, naïf et courageux, répond oui : « Tout autre que mon père l’éprouverait sur l’heure. » Et le vieux Don Diègue a beau jeu, alors, de lui expliquer ce qu’il attend de lui : qu’il aille venger l’honneur de la famille, et provoquer Don Gormas le terrible, qui vient de manquer de respect au vieillard.

Et Rodrigue ira : car il en a du cœur. Du cœur, c’est-à-dire du courage : les deux mots sont synonymes, mais le premier aujourd’hui a bien sûr un côté suranné, classique. On le retrouve quand même dans des expressions comme « du cœur à l’ouvrage », ou « je n’ai pas eu le cœur de lui refuser ça ». De nos jours, le cœur, c’est autant l’ardeur que le courage : « il travaille de tout son cœur, il y met tout son cœur » signifie il travaille sans réticence, sans s’économiser.

Cœur et courage ont la même origine, et l’un dérive en fait de l’autre, tout deux ayant pour père le « cor » latin. Mais le mot courage n’a jamais eu qu’un sens abstrait, alors que cœur désigne tout à la fois un organe vital, la pompe sanguine, et tout ce que cet organe porte de symbolique : les sentiments et le courage précisément. Mais attention, cet autre mot de courage n’a jamais désigné que le sentiment courageux, et jamais la pompe sanguine.

Des synonymes ? il y en a quelques uns : la bravoure, plus spécialisée dans le courage physique, face à un adversaire ou à un ennemi.
La vaillance, mot qui s’apparente au verbe valoir et à l’idée de valeur.
L’héroïsme, plus littéraire peut-être, qui renvoie à un certain code de représentation : l’héroïsme, c’est le courage des héros, le courage qui mérite qu’on en parle, qu’on le salue, qu’on l’admire.