COMPIL
Par: (pas credité)
PARLER AU QUOTIDIEN DU 17 AOUT 2001
L’intégrale ou la compil ? En voilà une question énigmatique ! Préférez-vous l’œuvre complet d’Eddy Mitchell ou la compil… c’est-à-dire des extraits choisis, certaines de ses chansons seulement – les meilleures ou prétendues telles. Et compil est bien entendu l’abréviation de compilation. Abréviation débraillée ? familière ? Peut-être, oui, mais qui concurrence sérieusement une autre formule abrégée et beaucoup plus anglicisante : le best of, c’est-à-dire mot à mot le meilleur de…, toujours suivi du nom de celui ou de celle dont on présente les meilleurs moments. Parfois on a traduit directement cette expression de l’anglais : le meilleur d’Eddy Mitchell, et même parfois, le tout meilleur, pour traduire « the very best of… ». Est-ce d’un bien meilleur goût ? C’est discutable…
Revenons à notre compilation. Le mot est ancien. Il désigne d’abord des documents réunis, puis est arrivé un sens assez dépréciatif : une compilation est un ouvrage sans originalité, qui se contente de piocher dans les travaux antérieurs pour en faire une sorte de résumé plus ou moins synthétique. L’origine du mot est tout à fait éclairante, puisque compilare en latin signifie piller. Le compilateur ne serait donc rien qu’un pilleur.
Mais le mot compilation, dans son sens moderne, a des synonymes : un recueil, ouvrage où sont recueillis des morceaux d’origines différentes, et choisis par un éditeur. Mais on parlera aussi bien d’un bouquet, d’une anthologie (c’est exactement la même image de la brassée de fleurs réunies avec art), ou d’un florilège ( là encore c’est pareil, sauf que florilège – fleurs choisies – vient du latin alors qu’anthologie vient du grec). Laissons aux cuistres et aux précieux ces mots exquis que sont le chrestomathie, le spicilège ou l’ana…