J’AI LES ABEILLES

Par: (pas credité)


PARLER AU QUOTIDIEN DU 30 AOUT 2001

« J’ai les abeilles »… belle et pittoresque expression, qui sent bien son midi et signifie simplement « J’ai le bourdon ». C’est-à-dire que j’ai la tête qui tourne, que je suis assommé de tracasseries au point que j’en ai (pratiquement) des sifflements ou des bourdonnements dans les oreilles. L’expression est, en général, assez négative : quand on a les abeilles, on le regrette.

Et pourtant, l’abeille est, en général, un animal qu’on se représente de façon positive. Ainsi que son activité inlassable qui explique pourquoi on dit « ça bourdonne d’activité », c’est-à-dire tout le monde est très actif. « C’est une ruche » a le même sens. L’abeille a donc bonne presse car elle est le symbole du travail, mais aussi, elle produit du miel. Et le miel est utile, recherché, et faire son miel de quelque chose, c’est savoir en tirer profit.

Passons rapidement sur la lune de miel, les quelques jours réputés très heureux qui suivent le mariage. Et l’expression est souvent employée au sens figuré, pour désigner une excellente entente entre deux personnalités, voire deux hommes politiques. Et si cette entente est si bonne, c’est qu’elle en est à son début : tout nouveau, tout beau. Après… après on verra.

En revanche, l’expression « être tout sucre et tout miel » est beaucoup plus ambiguë. Elle évoque quelque chose de mielleux, une politesse exagérée et hypocrite. Mais le bilan de l’abeille est globalement positif.

La fourmi, par contre, est souvent considérée comme franchement antipathique, surtout à cause de La Fontaine : « la fourmi n’est pas prêteuse ». Et pourtant, cette fourmi travaille beaucoup, et elle est évocatrice d’un zèle incessant, d’une activité préoccupée et ordonnée. Mais elle évoque aussi le travail en groupe, et même la foule tout simplement : le métro parisien à 6 heures est comme une vraie fourmilière.