SOUFRE – SULFUREUX
Par: (pas credité)
PARLER AU QUOTIDIEN DU 14 SEPTEMBRE 2001
« Ça sent le soufre ». C’est ce qu’on dit de quelque chose – une œuvre d’art, un propos, une réflexion, une attitude même - qui évoque une dérive un peu perverse. De même, on parle de « littérature sulfureuse » ou d’ « art sulfureux » – c’est George Bataille, ou Pierre Klossovsky, ou encore certains romans gothiques du XIXème siècle anglais.
Alors pourquoi le soufre ? Parce que c’est la matière qui évoque le Diable. Les légendes voulaient que les apparitions du Malin s’accompagnassent d’une odeur qui l’identifiait, et qui était celle de ce matière.
Pourquoi ? Tout ce qui a trait au Diable est nécessairement mystérieux, mais on peut dire que le Diable évoque toujours le feu, et on sait que le soufre est une matière qui s’enflamme spontanément dans certaines circonstances. Alors peut-être le feu de l’Enfer n’est-il pas loin. Car c’est bien de ça qu’il s’agit : en Enfer, on brûle et le Diable est un genre de chaudronnier du Mal.
Le plus curieux de l’affaire est que ce même soufre – et ce même feu – sont aussi les instruments de la purification divine. Les sorcières au bûcher sont-elles châtiées ou purifiées ? Ou les deux ? Et le ville de Sodome, détruite d’après la Bible par le courroux de l’Eternel, périt dans les flammes, et sous une pluie de soufre.