ROSSIGNOL, BAGNOLE, CHIGNOLE

Par: (pas credité)


PARLER AU QUOTIDIEN DU 20 SEPTEMBRE 2001

Tous ces mots qui se terminent en –gnole sont-ils de même origine, et de même formation. Et d’ailleurs, ont-ils la même coloration linguistique ? Eh bien, pas du tout. On pourrait croire qu’ils sont d’origine familière, voire argotique, mais ce serait aller bien vite en besogne.

Le « rossignol », par exemple, nous vient tout droit du provençal, et il n’a rien de familier.
Quant à la « carmagnole », si elle est aujourd’hui associée à une chanson révolutionnaire et assez sanguinaire, elle vient d’Italie. La « carmagnole » était un habit de paysan, mais un habit du dimanche. On le mettait pour la fête, et souvent pour la danse. D’où l’extension de sens. Et « faire danser la carmagnole » a fini par signifier donner une correction (comme donner une danse…). Sous la Terreur, vers 1793, « faire danser la carmagnole » a tout simplement voulu dire guillotiner.

Mais, beaucoup d’autres mots sont d’origines très différentes, et viennent notamment du Nord de la France, où ce suffixe était très vivant.
« Fignoler » est une déformation de finasser.
La « chignole » est une déformation du mot cigogne, et désigne d’abord un outil qui rappelle le long cou de l’animal. Aujourd’hui, la « chignole » n’est plus qu’un vieux vilebrequin, détrôné, de plus en plus par les perceuses électriques. Enfin… n’oublions pas qu’en argot, la « chignole » est parfois la mobylette.
Et la « bagnole », pour finir, née dans les Ardennes, a probablement été, avant d’être une voiture, une vieille cabane, en jonc tressé peut-être, comme les tombereaux qu’on appelait des bannes. De nos jours, le mot n’est plus du tout lié au Nord du pays, même s’il est resté argotique.