BAN
Par: (pas credité)
PARLER AU QUOTIDIEN DU 12 OCTOBRE 2001
L’Afghanistan ne saurait être considéré comme au ban des nations. En revanche le régime actuellement en place là-bas pourrait bien l’être. Et la rime ban/taliban ne joue pas en la faveur de ceux-ci.
Mais comment comprendre cette expression « mettre au ban » ? Le ban a d’abord été une proclamation, un commandement dont la non-observation entraînait une peine. On comprend ainsi qu’en français, le mot se soit spécialisé dans le sens d’exil, l’un des châtiments envisageables pour le coupable. Et de là viennent des mots comme bannir ou bannissement. Mais ce verbe bannir a une histoire très complexe et il a en ancien français deux sens principaux différents : proclamer et expulser. De ces deux significations dérivent deux séries de mots, différents, presque opposés.
Bannir a voulu dire proclamer par ban (encore aujourd’hui on proclame les bans d’un mariage), et par extension, convoquer. De là la tournure : convoquer le ban et l’arrière-ban, c’est-à-dire convoquer tout le monde jusqu’au plus modeste. C’était aussi convoquer une armée.. Mais c’est l’autre sens qui a fini par s’imposer : exclure, chasser d’un territoire. Le bannissement est donc une sanction juridique.
L’expression « mettre au ban » existe donc encore aujourd’hui. La sanction est plus morale que pénale, même si elle correspond souvent à des conséquences très concrètes. On peut mettre quelqu’un au ban de la société, comme on peut mettre un gouvernement et l’État qu’il représente au ban des nations, en raison de sa politique ou de ses méthodes.