LA POUDRE
Par: (pas credité)
PARLER AU QUOTIDIEN DU 17 OCTOBRE 2001
C’est, hélas, le mot dont on parle, puisqu’on craint la poudre en ce moment, notamment dans des enveloppes suspectes qu’on peut recevoir par la poste.
Drôle de mot que ce mot de « poudre » : en effet, il ne représente pas une matière à proprement parler, mais un état, une texture : c’est une matière qui est constituée de grains minuscules. Et donc, bien que ce ne soit ni du liquide ni du gazeux, la poudre n’a pas de forme autonome, mais prend la forme de son contenant.
Au départ, le mot a eu le sens du mot actuel « poussière ». Les deux termes sont d’ailleurs de même origine : la racine latine « pulver » qu’on retrouvera dans des mots tels que pulvérulence, pulvériser.
« Poussière » est souvent un mot de sens assez négatif : ça désigne du déchet, du sale dont un bon nettoyage nous débarrassera. Ou enfin une chose de bien peu d’importance (cf. la citation biblique : « poussière, tu retourneras poussière… ». C’est l’image de la vanité humaine. Et pourtant, la poussière n’est pas toujours négative : « poussière d’étoiles » l’atteste : on est dans le flou artistique.
Maintenant, la poudre est un mot dont les échos sont différents. C’est souvent du fard (« poudre de riz »…) qui camoufle les défauts de la peau, et qui tiennent lieu d’artifices de bonne mine. « Jeter de la poudre aux yeux », c’est faire de l’esbroufe, épater, à la faveur d’artifices étincelants.
Mais, la poudre c’est surtout la poudre à canon. De là, de nombreuses expressions : « Etre vif comme poudre », « faire parler la poudre » (c’est-à-dire en venir aux armes)…
Quant à « mettre le feu aux poudres », l’expression n’est pas nouvelle, et elle a un peu le même sens qu’une image apparemment inverse : « une étincelle met le feu aux poudres » ; « une goutte d’eau fait déborder le vase »… Une façon de mettre le doigt sur un détail qui fait exploser une situation, déclenche un cataclysme.