GENERAL HIVER
Par: (pas credité)
PARLER AU QUOTIDIEN DU 6 NOVEMBRE 2001
L’intervention en Afghanistan fait qu’on reparle du Général Hiver – celui qui interdit les opérations du fait du froid glacial qui gèle toute intervention… Façon plaisante de désigner cette glaciation sur laquelle se cassent les dents les armées. On en a parlé à propos des campagnes de Russie de Napoléon (et d’autres), mais aussi à propos de la guerre en Afghanistan menée par les Russes. Le Général Hiver, donc, qui gagne les batailles ou, en tout cas, enlise les opérations militaires.
Il est un peu tôt encore pour parler de l’hiver – on y reviendra sûrement, mais on peut parler du mot « général », si courant dans son sens militaire qu’on s’y attarde peu souvent. Or, il est intrigant.
« Général », bien sûr, commence par être un adjectif qui signifie « qui englobe toute une espèce, tout un genre ; qui n’est pas particulier ». Un interrupteur général donne ou coupe le courant pour toute une installation. La médecine générale s’oppose à la médecine spécialisée. On parle d’ailleurs d’un généraliste – un praticien qui s’occupe de médecine générale.
Mais, assez vite, l’adjectif s’emploie dans un domaine de hiérarchie. Celui qui est dit « général » chapote les autres. Le mot ne désigne pas vraiment un grade (ce n’est pas si précis), mais une position.
Dès le XIVème siècle, on parle de vicaire général, puis de Trésorier général (on en parle encore) : quelqu’un qui dirige l’ensemble des Trésoriers. Dans l’Education Nationale, on a des Inspecteurs Généraux, au-dessus des IPR. Et cette logique met le mot de « général » presqu’à la place du mot national. Toutefois, général semble plus prestigieux, parce que moins géographique que national.
Et puis évidemment, l’armée. La Mexicaine, par exemple, où l’on disait par plaisanterie qu’elle ne comportait que des généraux – ou presque.
On a parlé d’abord de capitaines généraux, puis plus « généralement » d’officiers généraux, qui viennent après les sous-officiers, les officiers subalternes, les officiers supérieurs… Le rang des généraux se compte en étoiles – comme les restaurants ou les grands hôtels. On a les 2 étoiles, de brigade ; les 3 étoiles, de division ; les 4 étoiles, de corps d’armée ; les 4 étoiles, d’armée. Dans l’armée de terre, tout ça. Et un Maréchal de France, bien que le Maréchal ne soit pas à proprement parlé un grade, a droit à une étoile supplémentaire.
A un Général, on dit Mon Général. Sauf si on n’est pas censé se trouver sous ses ordres. Auquel cas, on peut lui donner du Général (si on est au-dessus de lui… ou si on est–était une femme… du temps que les femmes n’étaient pas censées être militaires…).
Et Mongénéral, dit tout d’une traite, et presqu’écrit en un seul mot, renvoie, renvoyait plutôt à De Gaulle.