AUDIT
Par: (pas credité)
PARLER AU QUOTIDIEN DU 29 NOVEMBRE 2001
On a prévu un audit sur la présomption d’innocence. Un audit ? C’est-à-dire ? Une étude d’évaluation. Pour voir si ça marche ou pas ; pour voir si cette disposition juridique correspond à l’esprit du législateur, remplit son office, ou si au contraire elle développe des effets pervers, des retombées imprévues au départ..
Un audit est donc un examen, un genre d’inspection, suivi d’un diagnostic sur les causes de ce qui ne marche pas bien, et de conseils sur la façon de remédier au mal, quand mal il y a. Mais la plupart du temps, quand on commande un audit, c’est que l’on subodore que tout ne se passe pas parfaitement. C’est déjà presque mauvais signe. Et lorsqu’on parle d’audit, bien souvent, même si on veut guérir une situation, il y a comme une intention de sanctionner. On a comme l’impression que tout ça n’est pas clair, qu’on va découvrir du pas joli joli, qu’on va mettre au clair ce qui veut se cacher…
Le mot est assez étonnant, et d’ailleurs il surprend. D’abord par sa prononciation, « audite », avec un « t » final qui se fait entendre. Ce n’est pas dans la tradition de la langue française. Alors comment l’expliquer ? C’est que le mot est un anglicisme. Et en anglais, on prononce les consonnes finales : il n’y en a pas de muettes. Mais les choses sont plus compliquées car audit n’est pas un simple anglicisme, ou tout au moins pas un anglicisme simple. Il vient du latin et on ne sait pas exactement quand on l’entend si cette prononciation doit plus à l’anglais (et le mot ne sonne nullement anglais) ou au latin.
Le mot est entendu en français depuis une trentaine d’années, mais il s’est beaucoup répandu récemment.
Son domaine d’emploi est d’ailleurs en extension. Il est, au départ, presque uniquement financier (c’est d’ailleurs encore son sens majoritaire). Un audit est un examen des comptes, une vérification comptable, destiné à voir si un établissement est bien géré, s’il n’y a ni malversation, ni gâchis, ni mauvaise gestion. Mais maintenant, on audite à peu près tout. Oui, on audite. Car le verbe auditer existe, dans le sens de « faire un audit ».
Ces mots viennent, on l’a dit, du latin, et plus précisément du verbe audire = entendre, écouter, puis comprendre.
On comprend donc bien le glissement de sens : on est à l’écoute de quelque chose pour savoir comment il va, comment il fonctionne. Et la métaphore est bien proche d’une image médicale. On ausculte. Le rapport du médecin au malade est au départ très sensoriel : il regarde, palpe, écoute. Il écoute un souffle, un cœur, un pouls… C’est ça ausculter. Et l’audit n’est pas loin.
Rappelons pour finir que la famille audio a donné quelques autres rejetons dans le domaine juridique : auditeur de justice. Ou dans le domaine de l’évaluation : on parle d’audimat pour connaître (même approximativement) le nombre des auditeurs d’une chaîne de radio ou des spectateurs d’une chaîne de télévision.