PARE-BALLES

Par: (pas credité)


PARLER AU QUOTIDIEN DU 12 DECEMBRE 2001

Les gendarmes en colère ont beaucoup gagné, ces temps derniers, à être en colère. Et notamment, ils ont gagné un nombre important, sinon incalculable de gilets pare-balles. Pas besoin d’être grand clerc pour deviner la signification de l’expression : un gilet pare-balles permet de se protéger des coups de revolver. C’est un genre d’armure moderne qui se rit des projectiles, et dans le meilleur des cas, les arrête. Notons au passage l’orthographe : balles avec un « s », le gilet étant susceptible d’en parer plusieurs.

Un froncement de sourcil quand même lorsqu’on considère l’évolution du mot : Ce qui est pare-balles protège donc des balles : ça fait bouclier. Mais, souvenons-vous que le premier sens du mot parer, et bien souvent encore, son sens actuel est plutôt celui d’éviter : on pare un coup en se baissant. Et si le coup est bien paré, il passe à côté, il est dévié, neutralisé.
Dans le mot qui nous intéresse, parer signifie beaucoup plus amortir. Et c’est la même image qu’on retrouve dans bien d’autres objets à l’utilité évidente. Un pare-chocs de voiture amortit le choc, protège la belle tôle d’un froissement dommageable. Un pare-brise est un coupe-vent : c’est la vitre qui évite au conducteur ou au passager d’une voiture d’avoir le souffle coupé par l’air qui lui arriverait en plein visage. On a des systèmes comparables avec les pare-douche, pare-étincelles, à côté d’une cheminée. Dans tous ces cas-là, pare évoque clairement l’idée d’un écran de protection.

On trouve une idée voisine exprimée par le préfixe para- dans des formations plus anciennes : parapluie, parasol, qui eux aussi forment écran de protection. Mais bien sûr, le mot est davantage entré dans la langue, et n’est plus senti comme un mot composé. On a un bon indice de cette chronologie si on compare le parasol (ancien, 1540) au pare-soleil qui appartient au vocabulaire de l’automobile.