REPENSER
Par: (pas credité)
PARLER AU QUOTIDIEN DU 9 JANVIER 2002
« Il faut repenser la fonction présidentielle ! » Dixit François Hollande qui, à l’évidence, prononce ces mots avec quelques arrière-pensées : parole de campagne. Je ne m’en mêlerai pas, ou tout au moins je ne me mêlerai que de l’aspect sémantique de la chose.
Repenser la fonction présidentielle… Bigre ! Ça implique une idée de changement, et de grand changement. Cela veut dire concevoir différemment cette fonction, et ça indique même que c’est tout le point de vue qu’on va modifier, toute la façon de considérer la chose. Il conviendrait donc de redéfinir cette fonction. Voilà un synonyme qui ne me paraît pas mauvais : redéfinir.
De vrai, on n’a pas dans l’idée de changer la fonction contre une autre, mais d’en modifier le fonctionnement, l’intérieur. Repensons (au sens, pensons de nouveau) au slogan qu’avait adopté, voici quelques années, la firme Volkswagen pour l’un de ses modèles, la Golf : on a tout repensé sauf le nom. C’est exactement ça. On garde le nom, on change le reste.
Maintenant pourquoi repenser : Re… il s’agit bien de faire avancer les choses, d'améliorer un état de fait.
De façon un peu analogue, on peut parler de refonte. La refonte d’une notion, d’une collection, etc. Mais, le mot refonte ne s’utilise que comme nom. On n’utilise pas le verbe refondre.
Par contre, le mot refondation existe, accompagné parfois du verbe refonder. On a utilisé ces termes pour des partis politiques, le Parti Communiste, en particulier.
Revenons d’un mot à repenser, et même à penser. Ce qui est bizarre, c’est de voir le verbe employé transitivement : penser quelque chose. Alors qu’à l’ordinaire, on dit penser à quelque chose. Mais, le sens est différent. Penser à quelque chose signifie qu’on oriente, qu’on tourne sa pensée vers un objet quelconque – ou une personne : je pense à vous Andromaque, comme disait Baudelaire. Penser c’est aussi ne pas oublier. « Tu as pensé au pain ? » Alors que dans cet emploi moderne, penser signifie imaginer, concevoir. Sens qu’on trouve même au participe passé passif : « ça, c’est pensé »… c’est-à-dire, c’est mûrement réfléchi, rien n’a été laissé au hasard : « tu as pensé à tout ».