BOUGER

Par: (pas credité)


PARLER AU QUOTIDIEN DU 13 FEVRIER 2002

C’est aujourd’hui que se déroule en banlieue parisienne l’opération « Bouge la science », journée de rencontres autour de la science qui réunira 300 collégiens des quartiers dits sensibles des Ulis, Trappes, Massy et Cergy-Pontoise, le tout organisé par des étudiants de Grandes Ecoles.

Ce qui montre bien que cette expression « ça bouge » est à la mode, et même qu’elle représente, qu’elle est symbolique du parler des jeunes…

Le mot s’emploie dans des emplois divers… On n’a qu’à se souvenir de la célèbre chanson « Bouge de là » popularisée par le chanteur MC Solaar. Bouge de là, c’est-à-dire dégage, tire-toi, va-t-en ! C’est bien sûr de l’argot.

Mais si l’on regarde ce genre d’expressions à la mode, on peut se souvenir également du slogan « Bougez avec la Poste », qui devait servir à renouveler l’image un peu poussiéreuse de cette vénérable institution. Ça bouge, en effet, est une locution qui signifie que les choses changent, et qu’on est pour ainsi dire à la pointe du progrès, aux avant-postes du changement. Ça bouge dans la musique techno… c’est-à-dire c’est là que ça se passe… Ou même « Ça bouge dans le prêt-à-porter ! », titre de presse maintes fois repris, au point qu’il était devenu le titre d’un livre qui se moquait de ces phrases-clichés.

Le verbe peut contenir d’autres évocations : les syndicats n’ont pas bougé. Ça veut dire qu’ils n’ont pas réagi, qu’ils ne se sont pas manifestés, qu’ils ont laissé faire, en fait… Et « se bouger », dans une langue plus familière encore… veut dire se donner soudainement du mal, réagir : « Faut que tu te bouges si tu veux trouver du travail cet été » – sous-entendu, ça ne te tombera pas « tout cuit » dans la bouche.

Quelques dérivés : on avait bien bougillon, mais hélas, le mot a totalement disparu, alors qu’au milieu du XIXème siècle, le bougillon était un jeune enfant très remuant, incapable de se tenir tranquille.

En revanche, « avoir la bougeotte » existe encore, et s’emploie à propos de quelqu’un agité d’un mouvement continuel, qui ne peut se tenir tranquille, un peu comme la danse de Saint-Guy… Ou alors, de façon figurée, l’expression s’emploie à propos de quelqu’un qui déménage constamment, et ne peut rester longtemps au même endroit, dans la même ville, le même pays, ou même la même entreprise…