OR NOIR , OR BLANC, OR VERT

Par: Yvan Amar et Evelyne Lattanzio

L’or vert, un trésor dilapidé… C’est le titre d’un article paru hier dans Libération, dont le sous-titre est plus explicite : la déforestation mondiale s’accélère dans l’indifférence.. La déforestation mondiale… c’est à dire ? la disparition progressive des grandes forêts, la disparition de ces poumons verts… comme le dit aussi cet article. On voit que les images ne manquent pas pour désigner ces zones génératrices de chlorophylle…
Revenons à notre première image, facile à comprendre : vert pour la couleur des forêts… et le vert est bien sûr la couleur symbolique de la nature, très accolé d’ailleurs aux mouvements écologistes depuis quelques dizaines d’années… L’or vert ? La richesse verte, la richesse des forêts.
Cet or vert vient clore une succession nettement plus ancienne : l’or noir a été le premier. Ca désigne le pétrole… L’expression apparaît au milieu du siècle (le 20ème). Cf Tintin au pays de l’or noir. Bien plus tard, on a connu l’or blanc, la richesse que procuraient les sports d’hiver aux villages ( et aux spéculateurs ou hommes d’affaires) qui les exploitaient.
Si l’or est une métaphore de la richesse, on voit qu’elle a un écho particulier : il s’agit d’une richesse naturelle d’abord. D’une richesse liée à un élément que la nature, dans son infinie bonté tend aux mains des hommes. Ensuite d’une richesse qu’on découvre subitement. Comme si l’on découvrait une mine d’or. Et ce genre d’images est certainement née du fait que cette richesse a radicalement et soudainement transformé les ressources de certains états, auparavant très pauvres, et qui très subitement devenaient riches, et plus encore importants et influents. Les émirats du Golfe par exemple (mais aussi l’Algérie ou le Vénézuéla …) Ou l’or blanc qui métamorphosait des villages montagnards relativement déshérités, ou en tout cas, à
l’économie modeste…
Ceci dit, on voit une certaine évolution dans le sens imagé de cet or. Au départ , l’or noir est une richesse dès lors qu’on en a l’utilisation, déterminée par le progrès technique, et notamment l’automobile (bien que la pétrochimie dépasse de beaucoup les transports routiers aujourd’hui). L’or blanc est une richesse à partir du moment où s’est développée une industrie du loisir basée sur la neige. Mais là encore, on a la découverte émerveillée et inattendue d’une richesse qui est là sous nos pieds, et dont on ignore la présence jusqu’à ce qu’on ait une raison de l’exploiter . Alors que l’or vert fonctionne assez différemment : il ne s’agit pas d’exploiter un élément naturel : justement, il ne faut pas trop l’exploiter… il faut le préserver.
Quant à l’or lui-même, cela fait bien longtemps que ce métal qu’on appelle le métal jaune est un symbole de la richesse, et même de la grande richesse. Mais depuis longtemps, il est également associé à la richesse inopinée, inespérée, miraculeuse : « Regarde petit ! C’est de l’or qui tombe ! »