SURREALISME

Par: Yvan Amar et Evelyne Lattanzio

La révolution surréaliste. Ça a été le nom d’une célèbre revue, animée notamment par André Breton qui a, pendant de nombreuses années, notamment de 1924 à 1929, servi de tribune aux idées des surréalistes.

C’est aussi le titre d’une exposition qui, présentée au Centre Pompidou à Paris, donne à voir une rétrospective d’un mouvement qui a été l’un des plus bruyants, des plus novateurs et des plus influents durant la plus grande partie du XXème siècle.

Ce mouvement concerne essentiellement la littérature (poésie, roman, récit, théâtre) et la peinture… La première production considérée comme explicitement surréaliste est probablement « Les champs magnétiques », long texte écrit en écriture automatique par André Breton et Philippe Soupault , en 1919. Ecriture automatique, c’est-à-dire écriture non préméditée, où l’on essaye de noter la chaîne des associations et des mots. Il s’agit de retrouver le « mouvement réel de la pensée », qu’on pense être plus près d’une logique de rêve, qui n’est pas trop guindée par le rationnel. Les images se télescopent, donc, étonnantes et parfois brutales. De même, dans la peinture, les scènes sont tout à fait figuratives : on n’est absolument pas dans l’abstrait. Mais, les éléments des scènes font fi du réel, tel qu’il nous apparaît ordinairement. C’est l’Empire des lumières, toile éclairée par le jour dans sa partie supérieure et plongée dans la nuit en bas. Ou les montres molles de Dali. Ou la Vierge donnant une fessée à l’enfant Jésus. Donc, un peu de provocation, de l’insolence… Le mot est antérieur au mouvement lui-même, puisqu’on le trouve dès1917, sous la plume d’Apollinaire, qui l’emploie sans savoir ce que sera son destin. Mais récupéré par Breton, adoubé dans le Manifeste du Surréalisme en 1924, il connaît un succès extraordinaire.
Et reste d’ailleurs dans le langage courant, avec un sens beaucoup plus commun, pour exprimer, en général, la surprise la plus totale, qui souvent n’est pas dénuée de réprobation.

Cette soirée est totalement surréaliste : on y a vu un académicien danser le cha cha avec un laveur de carreaux, tandis que le chien de la maison trinquait avec le réparateur de télévision, en regardant un discours électoral… Surréaliste, c’est-à-dire incongru, improbable, imprévisible et donnant une impression d’absurdité.