EGO

Par: Yvan Amar et Evelyne Lattanzio

« Les ego ne sont pas égaux ». Un titre paradoxal du quotidien « La Croix ». Un titre calembour, aussi, qui pose le problème de l’ego. Qu’est-ce donc ? D’abord, un mot latin qu’on utilise tel quel en français… Le mot est un pronom qui signifie « moi », un moi d’insistance, d’ailleurs. Il n’apparaît dans les langues européennes qu’assez tard, au XVIIIème siècle, en allemand d’abord, puis en français, par le biais du vocabulaire philosophique.

Mais, c’est surtout la psychanalyse qui l’a entériné. Freud utilise les mots d’ego, et de super ego que les premiers psychanalystes français utiliseront aussi. Puis, la mode lexicale change, et les analystes en France vont bien davantage parler de moi et de surmoi. Pourtant, le terme d’ego va subsister, puis se développer singulièrement, mais non pas dans une langue technique de la psychologie, mais dans la langue commune, et avec un sens un peu particulier : « il a un ego grand comme ça… » C’est-à-dire il accorde beaucoup de place à sa personne, manque de modestie et insiste lourdement pour se faire reconnaître et remarquer.

Même si cet emploi est récent et un peu jargonnant, le mot « ego » est productif depuis longtemps dans la langue française, et il sert de préfixe dans plusieurs mots tels que égoïsme, égotisme et egocentrisme.
L’égoïsme étant une tendance à s’occuper exclusivement de soi, aux dépens des autres. A ne pas se soucier d’autrui. Un mot très courant, qui appartient à un vocabulaire tout à fait courant. Alors que les autres font partie d’un vocabulaire bien plus rare, plus choisi et plus intellectuel…
L’égotisme – mot désuet, marqué par la littérature, étant une disposition à s’analyser à l’excès, à se regarder le nombril comme on dit vulgairement, et l’égocentrisme, à ne considérer le monde extérieur qu’en fonction de ses intérêts.