SIGNATURE

Par: Yvan Amar et Evelyne Lattanzio

L’affaire dont on parle, c’est celle des signatures, celles qu’il faut rassembler sous son nom pour poser sa candidature à la Présidence de la République. On sait donc qu’il faut réunir cinq cents parrainages, qui émanent de maires surtout, mais de certaines autres catégories d’élus… Et ce qui matérialise ces parrainages, ce qui leur donne valeur officielle, c’est donc la signature du parrain. De là la métonymie : on chasse les signatures.

Qu’est-ce qu’une signature ? Simplement le fait d’écrire son nom. Mais de l’écrire à la main (ou à la plume… enfin de sa main…). Se confère à cet écrit un statut particulier. D’abord, il est censé être inimitable – c’est un paraphe – on est donc sûr que c’est bien le signataire qui a signé, un peu comme si on avait son empreinte digitale. Signature est donc parfois synonyme d’écriture, et même de collaboration littéraire : un journal qui a des signatures prestigieuses et celui qui a des collaborateurs prestigieux, qui signent (donc écrivent) des articles dans ses colonnes.

Le mot est d’ailleurs un doublet du vieux mot « seing », qu’on n’emploie plus que dans certaines expressions juridiques : sous seing privé… ou blanc seing, qui signifie à peu près chèque en blanc… un papier signé sans que rien ne soit écrit dessus. Son possesseur peut donc, a posteriori écrire ce qu’il veut : c’est signé d’avance…Et ensuite, la signature vaut accord. Car la signature est transitive par définition : on signe toujours quelque chose. Et signer quelque chose, c’est donner son accord, son aval. C’est bien l’indice qu’on est dans une civilisation de l’écrit : dans une civilisation orale, on donne sa parole… et la fonction de l’un et de l’autre est à peu près semblable. On signe, en général, un texte, et un texte qu’on a écrit : une lettre, un testament… pour l’authentifier. Mais, on peut aussi authentifier un formulaire : signer un chèque, ou un contrat… Donc, ça a valeur de ratification : on entérine. Et ça engage : il n’est pas toujours facile de revenir dessus. Mais, en tout cas, la signature scelle une transaction. Ainsi pour acheter un appartement, par exemple, vous pouvez dire : « Je signe la semaine prochaine ». C’est-à-dire, je signe l’acte de vente (ou d’abord, la promesse de vente). Mais tant que ce n’est pas signé, ce n’est pas fait.

Le texte qu’on signe peut être écrit par quelqu’un d’autre : une pétition, par exemple, à laquelle le signataire montre qu’il s’associe, qu’il la fait sienne. Et si l’on dit « je ne signe pas ce texte », cela veut dire qu’on n’est pas d’accord avec lui.