CHANSONNIER
Par: Yvan Amar et Evelyne Lattanzio
Avec la mort de Maurice Horgues, c’est un chansonnier à l’ancienne qui disparaît. Maurice Horgues, en effet, a été l’un des piliers de ces théâtres de la satire politique que sont le Théâtre de Dix-Heures ou le Caveau de la République qui présentent des spectacles humoristiques qui, en général, se moquent de l’actualité politique et, en particulier, du personnel politique. C’est en genre assez large que la satire politique, qui se manifeste avec des styles et dans des canaux différents : le dessin de presse et la caricature s’y rattachent, le journalisme – Le Canard Enchaîné est, en France, le plus connu de ses représentants. Et le cabaret… qui, parfois, se prolonge à la radio ou à la télévision. La célèbre émission des Guignols montre d’ailleurs la vitalité du genre… mais Maurice Horgues faisait partie d’une autre génération.De toutes façons, la satire est un genre littéraire qui existe depuis longtemps. Attention à l’orthographe : il ne faut pas confondre satire et satyre : rien à voir, même si la proximité peut se prêter aux jeux de mots de toutes sortes. Le satyre (du latin) est un demi-dieu très porté sur les nymphes qui symbolisent la libido rustique qui semble puiser sa force dans la nature même.
Alors que la satire, avec un « i » et non un « y », vient de la satura latine, qui désigne d’abord une salade. Et oui, une macédoine de légumes, voire de fruits.
Et bizarrement, pratiquement tous les mots désignant ce genre de préparations ont donné lieu à des sens dérivés : quelle salade, quel salmigondis… c’est-à-dire quelle situation compliquée, emberlificotée, mélangée. Comme s’il y avait dans le fait de mélanger des éléments disparates une audace suspecte et vaguement comique.
Le pastiche, c’est la même chose, lié au pastis qui dérive de pâte, désigne un pâté mélangé, puis une situation incompréhensible, puis une boisson mélangée elle aussi, et qui se trouble…
Quant à la farce… ce mot concentre en lui toutes les situations qu’on vient d’évoquer…
Et bien, la satire, elle aussi, est un méli-mélo, puis une danse, puis encore une pièce de théâtre qui mélangeait les genres : vers, prose, musique, danse… C’est toujours l’idée du mélange, de quelque chose qui résiste à la définition, à l’étiquette, qui est à cheval sur plusieurs domaines. C’est enfin un genre littéraire qui parodie, imite en forçant le trait, caricature pour dénoncer en faisant rire… C’est ainsi qu’on parle encore maintenant de journal satirique (c’est ainsi que se présente le Canard… paraissant le mercredi) ou de trait satirique, ou d’intention satirique…