ZOUAVE
Par: Yvan Amar et Evelyne Lattanzio
« Arrête de faire le zouave »… Soit, on comprend rapidement de quoi il s’agit : ne fais pas l’imbécile, le malin… en un mot l’intéressant. Donc arrête de te faire remarquer. Le problème, c’est pourquoi le zouave...Le mot est emprunté, assez tôt, et après une première faute de transcription, zouane, vers 1830, c’est-à-dire au moment de la conquête de l’Algérie. Il vient du berbère zwawa, nom d’une tribu kabyle où les Français recrutent l’essentiel des soldats d’un corps autochtone. Les zouaves seront donc d’abord surtout des Kabyles, puis également des Arabes ou des Français qui en faisaient partie.
Autre succès pour ce nom, la création en 1860 des zouaves pontificaux, splendide unité de l’armée du Pape, dissoute en 1871. En ce qui concerne la conduite de ces soldats, elle paraît digne des plus grands éloges : Discipline stricte, courage, ardeur au combat, notamment pendant la guerre de Crimée…
Le zouave est ainsi devenu l’image du courage et de la bravoure militaire.
Mais de même que faire le courageux n’est pas synonyme d’être courageux, faire le zouave n’est pas être un zouave… Ce serait plutôt, d’abord contrefaire le zouave, c’est-à-dire caricaturer ; imiter le courage… faire croire à son courage, alors qu’on n’en a pas, ou alors qu’on n’est pas dans une situation dangereuse. On dirait aussi bien faire le faraud, ou le fanfaron (ou même fanfaronner), se conduire comme Tartarin… ou comme Matamore.
Mais, le zouave se signalait à l’attention par d’autres détails que son courage : son uniforme ne pouvait que le faire remarquer : un beau pantalon large et court, une belle couleur rouge. Est-ce que ça le rendait ridicule ? Pas forcément. Mais on raconte que cet uniforme aurait servi d’enseigne à un camelot, qui faisait le pitre pour attirer le chaland. Si l’on ajoute à cela un vieux fond raciste qu’on trouve un peu partout dans la langue, on comprend comment faire le zouave est devenu synonyme de faire le clown. Le professeur Tournesol ne s’y trompait pas qui prenait si mal qu’Haddock utilise ce mot pour le railler.